Le leader du parti Pastef, l'opposant sénégalais, Ousmane Sonko, candidat déclaré à la Présidentielle de février 2024, a été condamné jeudi par contumace à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse", mais il a été acquitté des faits présumés de "viol" et "menaces de mort" sur une femme.
La chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar a, par ailleurs, condamné à deux ans de prison ferme la co-accusée de l'opposant sénégalais, Ndèye Khady Ndiaye, patronne du salon de beauté où l'opposant était accusé d'avoir abusé d'une employée, Adji Sarr, à plusieurs reprises.
Ndiaye a été acquittée pour complicité de viol et de diffusion d'images contraires aux bonnes mœurs et été déclarée coupable d"'incitation à la débauche".
Le juge a aussi condamné les deux accusés à payer chacun une amende de 600.000 francs CFA. Les deux mis en cause doivent aussi payer solidairement une somme de 20 millions de francs CFA de dommages et intérêts pour la partie civile. Le tribunal ne s'est pas prononcé sur une éventuelle arrestation de Sonko. La "corruption de la jeunesse" consiste à débaucher ou à favoriser la débauche d'un jeune de moins de 21 ans. La plaignante, Adji Sarr, avait moins de 21 ans au moment des faits qu'elle dénonce.
Le procureur avait requis le 23 mai dernier contre Ousmane Sonko, arrivée troisième à la présidentielle de 2019, et président du parti Pastef, dix ans de réclusion pour viols, ou au minimum cinq ans de prison pour "corruption de la jeunesse". L'avocat d'Adji Sarr s'est dit, à la sortie de la salle d'audience , "insatisfait" de la condamnation du leader de Pastef. "Nous aurions demandé 10 ans d'emprisonnement ferme. Nous sommes tenus de nous plier à la décision des juges. C'est une satisfaction morale. Nous avons une victoire devant un homme qui a insulté et menacé toute la justice", a déclaré l'avocat d'Adji Sarr.
Suite à ce verdict, des députés de la coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple, opposition), ont quitté en signe de protestation la salle de l'Assemblée nationale, alors que les débats se poursuivent entre parlementaires et membres du gouvernement.
Sonko, qui n'a pas assisté au procès, n'a cessé de clamer son innocence et de crier à un "complot" du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle du 25 février 2024. Le maire de Ziguinchor (sud) a été déjà condamné récemment à six mois de prison avec sursis en appel pour "diffamation" et "injures publiques" contre le ministre du tourisme et des loisirs. Cette condamnation, elle seule, si elle est maintenue en cassation, menace son éligibilité à la Présidentielle de 2024.