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Soudan: les combats continuent avant des discussions en Arabie saoudite

Soudan: les combats continuent avant des discussions en Arabie saoudite

Les combats font rage samedi à Khartoum alors que l'armée et les paramilitaires en lutte pour le pouvoir au Soudan doivent discuter en Arabie saoudite d'une nouvelle trêve, toutes les précédentes ayant été inlassablement violées.
 

Comme chaque jour depuis le 15 avril, les habitants de Khartoum vivent au rythme des bombardements, sans eau ni électricité et avec peu d'argent et de nourriture.

Alors qu'Américains et Saoudiens assurent que les belligérants vont négocier une trêve, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général rival Mohamed Hamdane Daglo se sont mutuellement accusées d'avoir attaqué le convoi de l'ambassadeur turc à Khartoum.

Des témoins rapportent aussi à l'AFP combats et raids aériens sur différents quartiers de Khartoum.

A Jeddah en Arabie saoudite, "la délégation de l'armée ne parlera que de la trêve et de comment la mettre correctement en oeuvre pour faciliter les accès humanitaires", explique à l'AFP le général Nabil Abdallah, porte-parole de l'armée.

Les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, qui semblent désormais à la manoeuvre sur le plan diplomatique, exhortent les belligérants à "s'impliquer activement" mais n'ont toujours pas annoncé si ces discussions avaient débuté.

Pour Aly Verjee, chercheur de l'Université de Gothenburg en Suède, trois points doivent être réglés: les détails opérationnels de la trêve, un mécanisme d'observation et un autre de sanction.

Il faut un cadre "géographique et opérationnel au cessez-le-feu", dit-il à l'AFP, qui incluerait par exemple, "l'arrêt des frappes aériennes ou le retrait des combattants des infrastructures civiles comme les hôpitaux".

Avant de se livrer cette guerre sans merci, les généraux Burhane et Daglo avaient mené ensemble en 2021 un putsch qui a évincé les civils du pouvoir et mis fin à la transition démocratique, entamée après la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019.

Mais depuis le 15 avril, ils assurent ne plus vouloir se parler directement.

L'ancien ministre civil Khaled Omar Youssef, limogé lors du putsch, a dit espérer "une solution politique globale" alors que les deux camps affirment qu'aucun volet politique n'est prévu dans l'immédiat.

Pour M. Verjee, la cessation des hostilités "est le plus petit dénominateur commun de la communauté international" car "il n'y a pas de consensus apparent pour l'après".

Au Soudan on se rappelle que la guerre a débuté parce que les négociations sous l'égide des mêmes qui se proposent d'aider aujourd'hui avaient échoué, quand Daglo et Burhane avaient refusé de céder sur les modalités de l'intégration des FSR à l'armée.

Ce point reste la condition sine qua non posée par la communauté internationale pour ouvrir la voie à la transition démocratique et donc au retour de l'aide étrangère au pays.

Cette logique "mérite d'être entièrement repensée", plaide M. Verjee.

Selon des responsables soudanais, les FSR seront représentées à Jeddah par des proches du général Daglo et de son puissant frère Abderrahim, qui passe pour le financier des FSR via ses mines d'or.

Côté armée, seront présents des haut-gradés connus pour leur hostilité aux FSR, selon ces mêmes sources.

Les Saoudiens sont de grands alliés et bailleurs de fonds des deux camps au Soudan. Et les Etats-Unis ont permis le retour du Soudan dans le concert des nations en levant deux décennies de sanctions en 2020.

Ces deux pays semblent vouloir prendre le pas sur les initiatives régionales. L'Igad, le bloc d'Afrique de l'est, tente aussi de faire revenir les généraux à la table des négociations.

L'Union africaine, elle, a perdu ses leviers de pression quand elle a suspendu le Soudan après le putsch de 2021, disent les experts.

Quant à la Ligue arabe, elle doit réunir dimanche les ministres des Affaires étrangères de ses pays membres profondément divisés sur le Soudan.

Sur le terrain, les combats qui entrent dans leur quatrième semaine ont fait quelque 700 morts, selon l'ONG ACLED qui recense les victimes de conflits. Ils ont aussi fait 5.000 blessés, 335.000 déplacés et 115.000 réfugiés, d'après l'ONU.

Vendredi, ils ont tué 12 civils à el-Obeid, à 300 km au sud de la capitale, selon le syndicat des médecins.

Au-delà des victimes directes, ce conflit fait progresser la faim, un fléau qui touchait déjà un tiers des 45 millions de Soudanais. Selon l'ONU, entre 2 et 2,5 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de malnutrition aiguë d'ici six mois si les combats continuent.

Pour les experts, la guerre sera longue tant les deux belligérants semblent avoir les mêmes capacités de combat et être peu enclins à engager des négociations politiques avant de l'avoir emporté sur le terrain.

Au Darfour (ouest), dans l'ouest frontalier du Tchad, des civils ont été armés pour participer aux affrontements mêlant militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles, selon l'ONU.

Près de 200 personnes y ont été tuées, selon l'ONG Norwegian Refugee Council (NRC).

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