Si un doute persistait, le second mandat de Donald Trump l’efface définitivement : l’ancien et nouveau président des États-Unis veut s’imposer en maître absolu du monde. Et il ne s’en cache pas.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, il s’emploie avec une détermination inébranlable à remodeler l’ordre mondial selon sa propre vision, quitte à piétiner les conventions internationales et à heurter ses alliés.
Fini le multilatéralisme et les compromis diplomatiques. Trump n’a jamais aimé ce système qu’il juge inefficace, inutilement contraignant et surtout défavorable aux États-Unis. Ce deuxième round de présidence s’annonce comme une accélération de sa vision, celle d’une Amérique qui impose ses règles sans demander l’avis de personne.
Sa dernière décision d’imposer des sanctions à la Cour pénale internationale (CPI), accusée d'avoir «engagé des actions illégales et sans fondement contre l'Amérique et notre proche allié Israël», en est l’illustration parfaite. L’annonce, tombée après que la CPI a émis un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a été perçue comme une attaque frontale contre les institutions internationales censées garantir une certaine justice mondiale.
Peu importe que les Nations unies et plusieurs ONG dénoncent cette décision comme une tentative d’intimidation. Trump n’a jamais fait mystère de son mépris pour ces organisations qu’il considère comme des obstacles à la toute-puissance américaine.
Gaza en Riviera : un projet aux relents coloniaux
Mais c’est sans doute son plan pour la bande de Gaza qui a fait exploser les compteurs de l’indignation internationale. Relocaliser les Palestiniens et placer Gaza sous contrôle américain ? L’idée, qui aurait semblé délirante sous n’importe quelle autre présidence, est aujourd’hui une véritable proposition. Une proposition qui, au-delà de sa viabilité discutable, s’apparente à une violation flagrante du droit international et alimente les accusations de nettoyage ethnique.
Et Trump ne semble pas s’embarrasser du refus catégorique des pays voisins. Il veut délocaliser les Gazaouis en Égypte et en Jordanie, même contre leur volonté. «Ils le feront», a-t-il martelé, balayant d’un revers de main l’opposition ferme d’Amman et du Caire. «Nous faisons beaucoup pour eux et ils vont le faire», a-t-il ajouté. Une posture qui illustre à la perfection sa vision transactionnelle et brutale des relations internationales : les États-Unis décident, les autres s’exécutent. Peu importe les principes.
Sur le front économique, la méthode est la même : imposer et sanctionner. La guerre commerciale, largement amorcée lors de son premier mandat, reprend de plus belle avec de nouveaux tarifs douaniers contre le Mexique, le Canada et la Chine. La menace plane aussi sur l’Union européenne, qui pourrait être prochainement ciblée. Cette politique protectionniste, menée au nom d’une idéologie «America First» toujours plus agressive, risque de raviver des tensions économiques majeures et d’ériger de nouvelles barrières entre les États-Unis et leurs alliés historiques. Là encore, le président américain ne s’embarrasse pas des critiques. Pour lui, ces taxes ne sont pas qu’un simple levier économique : elles sont une arme de pression politique destinée à forcer le reste du monde à plier.
Isolement international ? Pas vraiment
Cette posture impériale pourrait-elle mener les États-Unis à un isolement diplomatique ? À première vue, on pourrait le croire. Après tout, Trump s’est retiré de l’OMS, du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et a gelé les financements d’agences internationales. Il a rétabli la Global Gag Rule, a coupé des aides au développement et ne semble avoir aucun scrupule à rompre avec les institutions multilatérales.
Pourtant, il serait naïf de penser que le monde va simplement tourner le dos aux États-Unis. En réalité, Trump parie sur le fait que, malgré leur colère, les autres nations auront peu d’alternatives viables. L’Europe, fragmentée et désunie, ne semble pas en mesure de proposer un contrepoids crédible. La Chine, bien que puissance montante, subit encore les coups des sanctions américaines et peine à se positionner comme le leader incontestable.
À force de bousculer l’ordre mondial, Trump redéfinit les rapports de force : moins de diplomatie, plus de marchandage brutal. Face à cette nouvelle donne, certains alliés tentent de préserver leurs intérêts en négociant directement avec lui : le Premier ministre indien Modi se rendra aux États-Unis les 12 et 13 février, tandis que son homologue japonais espère, lors de sa visite actuelle, éviter le sort réservé à d’autres partenaires jugés trop encombrants. Mais pour l’instant, la puissance américaine reste telle que le monde n’a d’autre choix que de s’adapter.