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Législatives 2021: chamailleries de politicards

Législatives 2021: chamailleries de politicards

L’élection du maire de Rabat s'est déroulée sur fond d’insultes et de diatribes sévères.

Le paysage politique marocain est malheureusement coutumier des faits.

Ce manque de hauteur des élus irrite passablement l’opinion publique.

 

Par D. William

 

Le Maroc aura réussi le pari d’organiser les élections législatives dans une transparence totale, dans ce contexte marqué par la pandémie. Cet exercice démocratique, où des courants d’opinion pluriels ont pu s’exprimer en toute liberté, a été vivement salué à l’international. Et il est d’autant plus à saluer qu’il intervient à un moment où le monde arabe en particulier connaît une certaine instabilité, voire des chouanneries parfois meurtrières.

Ce scrutin a abouti à une profonde recomposition du champ politique national. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), grand vainqueur de ce scrutin, savoure sa victoire, le Parti authenticité et modernité (PAM), surprenant deuxième jubile, tandis que le Parti de l’Istiqlal (PI) se contente de la troisième. Grand perdant de ces élections, le Parti de la justice et du développement, au pouvoir depuis 10 ans, rumine sa cuisante défaite, prémices d’un délitement annoncé du parti. Avec un taux de participation de 50,35% contre 43% en 2016, les électeurs ont donc bravé ce contexte sanitaire peu favorable pour exercer leur droit et devoir citoyen. Ils ont fait leur job, aux élus de faire maintenant le leur.

Ça commence bien !

Les tractations vont bon train pour former le futur gouvernement. Une majorité forte où le RNI, le PAM et le PI devraient jouer les premiers rôles. Sauf que l’alliance des élus de ces trois partis dans les communes et régions, annoncée le vendredi 17 septembre afin de renforcer leur pouvoir et mieux gouverner, a connu son premier couac lundi dernier. A Rabat, sur fond de diatribes sévères et d’insultes entre les soutiens des deux candidats, Asmaa Rhlalou, du RNI, et Hassan Lachgar, de l’USFP, l’élection du nouveau maire a dû être reportée (*). Voilà la piètre image que donnent ceux qui aspirent, soi-disant à être au service de la collectivité.

Peut-on faire confiance aux élus quand ça vole aussi bas, quand ceux censés assurer la gestion des affaires locales nous infligent ce piteux spectacle ? Cela pousse conséquemment les citoyens à s’interroger sur le sens du vote. Ils se sont rendus aux urnes en espérant, pour ce Maroc qui se construit et qui est à l’épreuve de la modernité, des hommes politiques exemplaires et des hommes d’Etat au service des intérêts supérieurs de la Nation, mais point pour donner le pouvoir aux politicards. Le Souverain l’avait d’ailleurs clairement signifié lors de son discours du 20 août 2015, durant lequel il a fortement tancé les élus, précisément ceux portés à la tête des communes et régions.

«(…) Le vote ne devrait pas favoriser le candidat qui parle beaucoup, et élève la voix plus que les autres, en brandissant des slogans creux, pas plus qu'il ne devrait profiter à celui qui distribue quelques dirhams au cours des campagnes électorales et vend des promesses mensongères aux citoyens (…) Le vote doit être en faveur du candidat qui remplit les conditions de compétence, de crédibilité et de disponibilité à se mettre au service de l'intérêt général», avait déclaré le Roi. Tout en déplorant le fait que certains élus «ne remplissent pas leur devoir comme il se doit (…)» et «(…) s'imaginent que leur rôle se limite à se porter candidats et non à travailler».

 

Rebelote !

Ce qui s’est passé à Rabat est certes très désolant, mais n’est guère un fait isolé. Cela ne vous rappelle-t-il rien  ? Il s’agit d’une malheureuse reproduction du spectacle affligeant que nous donnait à voir la majorité sortante à une certaine époque, juste avant la survenue de la pandémie. Pratiquement tous les weekends, par voie de presse, sur les réseaux sociaux ou lors de rencontres avec leurs militants, les membres du gouvernement, censés former une majorité unie travaillant main dans la main, se crêpaient le chignon devant une opinion publique passablement irritée par ce manque de hauteur de ceux qui nous gouvernent et dégoûtée par la chose politique.

Aujourd’hui que l’alliance RNI, PAM et PI a pris forme et qu’elle a été annoncée en grande pompe, il faut espérer que les déclarations d’intention des uns et des autres constituent un solide rempart à l’arithmétique politicienne. 

 

(*) : L'élection s'est tenue finalement ce vendredi 24 septembre, et c'est Asmaa Lahlou qui l'a remportée.

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