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Carburants : Pompes à fric

Carburants : Pompes à fric

Aujourd’hui, c’est avec beaucoup d’appréhension que les automobilistes se pointent au niveau des stations-service. Faire le plein de carburant devient de plus en plus cher. Ou plutôt, les prix sont excessifs : plus de 15,60 DH le litre pour le gasoil et 17,80 DH le litre pour l’essence. 

Cette tension sur les prix est alimentée par le contexte géopolitique international, notamment la guerre russo-ukrainienne. La décision prise le 2 juin par les pays membres de l’OPEP+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole) d’augmenter leur production, pour la porter à 648.000 barils par jour contre 432.000 barils fixés les mois précédents, n’y changera rien. En effet, elle reste insuffisante pour combler le déficit engendré par l’embargo sur le pétrole russe, dans un contexte marqué notamment par une reprise des activités et des déplacements. D’ailleurs, selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande pétrolière mondiale va pour la première fois dépasser les niveaux d'avant la pandémie liée à la Covid-19 l'année prochaine, tirée par la Chine. «La consommation va surpasser les niveaux pré-pandémie pour la première fois, à 101,6 millions de barils par jour (mb/j) en 2023», souligne-t-elle dans son rapport mensuel sur le pétrole. 

Ce contexte particulier favorise le maintien du cours du baril du pétrole à des prix élevés durant les prochains mois : il flirte avec les 120 dollars actuellement. 

Le Jackpot !

Forcément, dans pareille conjoncture marquée par la hausse généralisée des prix, les citoyens sont plus que jamais exaspérés. Les automobilistes, en particulier, tirent la gueule. En face, l’Etat se frotte les mains. Car le paradoxe dans l’histoire, c’est qu’il gagne le jackpot avec ces prix à la pompe élevés. Il a encaissé 2,1 Mds de dirhams de recettes supplémentaires de TVA sur les produits énergétiques par rapport aux cinq premiers mois de 2021, soit une hausse de 85,7%. Globalement, les taxes sur les produits pétroliers génèrent des recettes annuelles totales moyennes de 26 Mds de DH. Et l’Etat ne compte pas du tout restituer du pouvoir d’achat aux citoyens en «subventionnant» les automobilistes, à travers notamment une baisse des taxes. Rappelons que la taxe sur les produits pétroliers au Maroc s'élève à 10%. Le poids de ces taxes dans la composition du prix de vente final est de 37% pour le gasoil et 47% du côté de l’essence. Une baisse de ces taxes sera pourtant systématiquement ressentie par les automobilistes.

D’autres pays l’ont pourtant fait. En Allemagne, les automobilistes bénéficient aussi d’une ristourne fiscale depuis le 1er juin, pour trois mois. Ainsi, une baisse des taxes au minimum autorisé par l'UE a permis aux prix de l'essence et du diesel de décrocher respectivement d’environ 30 centimes et 14 centimes par litre. De son côté, le gouvernement français accorde une ristourne de 18 centimes d’euros par litre de carburant. Cette mesure, qui devait initialement prendre fin le 31 juillet, est d’ailleurs prolongée pour au moins toute la période estivale. 
Chez nos voisins espagnols, le gouvernement a mis en place depuis avril un plan d'aide de 6 milliards d'euros, ce qui a pour incidence une remise de 20 centimes d'euros à la pompe. Cette mesure a été prolongée jusqu’au 30 septembre, au lieu du 30 juin initialement.

Une chose est sûre : les prix à la pompe vont continuer à grimper et de rogner le pouvoir d’achat des citoyens. La question est de savoir quel seuil servira de marqueur au gouvernement pour apporter une réponse qui va au-delà des subventions accordées aux transporteurs routiers. Car, forcément, à un moment donné, il va falloir agir.

F. Ouriaghli

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