Les présidents des conseils régionaux du tourisme (CRT) ont envoyé le 30 avril un rapport au ministre du Tourisme, du Transport et de l’Artisanat proposant une refonte de l’industrie touristique afin de lui «redonner de la force».
Ce rapport est la synthèse de tous les débats entre les différents présidents des CRT du Maroc, des visioconférences avec les professionnels du tourisme et des institutions et fédérations concernées. C’est aussi une synthèse du travail effectué par l’ONMT et la CNT et autres organismes concernés.
Selon les présidents des CRT, «le tourisme est publiquement considéré comme secteur prioritaire, mais il n’a jamais bénéficié d’un programme de développement ou de mesures fiscales soutenant les entreprises ou même des subventions partielles; bien au contraire, c’est le secteur qui subit la plus grande pression fiscale, avec une multitude de taxes locales et nationales». Partant de cela, voilà ce qu'ils demandent.
i)- Mesures fiscales et financières
Actions à court et moyen termes
L’entreprise touristique et hôtelière est aujourd’hui à l’agonie, seules des mesures fiscales et financières audacieuses peuvent la sortir du coma.
Constat
- Le Tourisme au Maroc n’a jamais bénéficié d’un plan de réforme à l’instar des autres secteurs Agriculture, Commerce, Pêche, l’Industrie…
- La faiblesse et la sous-capitalisation des entreprises touristiques et hôtelières se sont profondément aggravées par la pandémie du Covid-19 et a induit :
- Une trésorerie déficitaire.
- Incapacité de faire face à des dépenses urgentes de mise à niveau des produits.
- Incapacité d’honorer des redevances fiscales très lourdes.
- Incapacité de faire face à la masse salariale (pour un personnel normal encore moins pour un personnel qualifié).
- Absence totale d’un budget de commercialisation et de marketing.
Demandes
1- Exonération des taxes locales pendant l’année 2020.
2-Exonération des charges sociales et patronales CNSS, l’IGR pendant l’année 2020.
3- Exonération de l’IS, pendant l’année 2020.
4- Supprimer toutes les charges du secteur touristique en général, y compris celles de la restauration et, surtout, supprimer les différentes taxes communales et les loyers à payer pendant cette période de pandémie et de fermeture des sociétés pour l’exercice 2020.
5- Annulation du paiement de la taxe TPT pour l’année 2020.
6- Activation du remboursement de la TVA pour ceux qui détiennent une créance et revoir la fiscalité du secteur : TVA à faire baisser de 3 points pour les hôtels et restaurants et de 4 points pour les transporteurs touristiques et 5 points les agences de voyages.
7-Réduire la taxe de débit de boisson à 4% au lieu de 6%.
8-Le report immédiat des échéances bancaires non échues et l’annulation des agios y afférents.
9-Revoir la participation de l’Etat dans les salaires des cadres moyens à hauteur de 70% du salaire jusqu’à la reprise normale de l’activité.
10- Ouvrir une ligne de crédit bancaire qui soit égale à 20% du chiffre d’affaires de l’entreprise, avec un différé d’un an de 2% du taux d’intérêt cautionné par l’Etat, et qui doit prendre en considération le résultat fiscal de chaque entreprise lors des trois dernières années pour limiter l’accès à ce crédit aux nécessiteux et particulièrement les petites et moyennes entreprises.
11- Revoir à la baisse le taux d’intérêt bancaire et du Leasing à 2% cautionné par l’état avec un différé d’une année.
Actions à long terme
Alléger et simplifier la pression fiscale.
Alléger et simplifier les taxes locales.
Faciliter l’accès aux crédits bancaires avec des taux bonifiés et cautionnés par l’Etat pour relancer l’investissement.
Accélérer l’investissement dans l’hôtellerie pour palier le déficit de la capacité litière et assurer une position compétitive de notre package, et création de grands groupes marocains dans le tourisme capables de défendre l’image et la compétitivité du Maroc.
Mettre en place un plan d’investissement dans le secteur du transport aérien et ouvrir le ciel marocain à des compagnies privées de droit marocain dont le capital sera détenu par des entreprises privées, des institutions étatiques, des personnes physiques et même faire l’objet d’un emprunt public.
Mettre en place un dispositif financier pour la création de petites et moyennes entreprises liées à l’activité touristique, animation, spécialités touristiques et hôtelières diverses.
Par ailleurs, le rapport propose un ensemble de mesures à initier en interne et à l’international pour promouvoir et commercialiser la destination Maroc.
Il suggère aussi différentes autres initiatives, comme le fait de renforcer le secteur par la création d’un institut public de langues étrangères de grande qualité, la création création d’un grand Institut d’art et d’animations très professionnel ou encore développer des Tours Opérateurs marocains pour concurrencer les plates-formes Online étrangères.
Enfin, les rédacteurs du rapport estiment que «les CRT doivent être dotés d’une autonomie morale et d’une autonomie financière qui leur permettront de mener à bien leurs missions et d’assurer une coordination efficace avec le ministère de tutelle, la CNT et l’ONMT».