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Dessalement de l’eau de mer : Quels enjeux pour l’agriculture nationale ?

Dessalement de l’eau de mer : Quels enjeux pour l’agriculture nationale ?

Le Maroc est confronté à un stress hydrique important. Le phénomène s’est accentué avec la succession des années de sécheresse qui ont réduit sensiblement les réserves en eau des barrages et de la nappe phréatique.

Le pays qui place l’agriculture au rang de locomotive de l’économie nationale, est contraint de trouver des solutions afin d’accompagner adéquatement le développement du secteur. Outre la construction de nouveaux barrages, le déploiement en masse des techniques d’irrigation économes en eau, il devra chercher d’autres alternatives pour sécuriser et diversifier ses ressources hydriques.

Avec 3.500 km de côtes, le dessalement de l’eau de mer s’impose comme une solution préconisée. Conscient de cet enjeu, le gouvernement a lancé un vaste programme dans ce sens. Plusieurs stations ont vu le jour et d’autres sont en chantier. Les projets nécessitent des enveloppes budgétaires conséquentes.

Dès lors, de nombreuses interrogations s’imposent : le dessalement de l’eau de mer pour l’agriculture est-il fiable ? Le coût de production est-il compétitif ? Le retour sur investissement est-il assuré ? Quelles sont les retombées socioéconomiques de tels projets ?

Dans tous les cas de figure, le choix de dessalement de l’eau de mer devient inévitable. Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a dernièrement tiré la sonnette d’alarme à la Chambre des représentants sur la situation hydrique nationale, évoquant la diminution de près de 60% des apports en eau pour la saison 2021/2022. Le manque de visibilité laisse présager une saison 2022/2023 difficile.

Il faut souligner que le potentiel des ressources en eau par habitant est passé de 2.500 m3/an durant les années 60 à 1.000 m3/an durant les années 90 et à moins de 800 m3 actuellement. En 2030, la dotation en eau ne sera plus que de 500 m3/habitant/an si le gouvernement ne prend pas les mesures nécessaires.

Depuis les années 80, le pays est confronté systématiquement à des cycles de cinq années de sécheresse. Véritable rempart contre la rareté de l’eau, la politique des barrages adoptée par le Maroc a donné ses fruits mais elle a montré toutefois des limites. En effet, le Royaume dispose d’une capacité de stockage en eau de 17 milliards de m3. Actuellement, les barrages affichent un taux de remplissage de 34% seulement et 80% des réserves sont absorbés par l’agriculture.

Les capacités de dessalement sont insignifiantes par rapport aux eaux de surface et aux eaux souterraines mobilisables. Mais dans certaines régions à fort potentiel agricole comme Sous-Massa qui assure 50% de la production nationale de fruits et légumes dont 80% sont destinés à l’export, cette option est cruciale pour assurer la survie des exploitations.

En effet, cette région est la plus impactée par la sécheresse. Les barrages qui y sont implantés, affichent des retenues en eau de moins de 200 millions de m3, soit un taux de remplissage de 25%. Sans les pluies de mars et avril, la situation aurait pu être catastrophique. D’un coût global de 4,4 milliards de dirhams, la station de dessalement d’eau de mer de Chtouka-Aït Baha permettra la sécurisation de l’irrigation de 15.000 hectares dans cette région et profitera à 1.500 exploitations agricoles.

Le projet est le fruit de la mutualisation des efforts et des moyens entre le ministère de l’Agriculture et l’ONEE. Cette station aura une capacité de production de 275.000 m3/j réservés à l’irrigation. La capacité à terme passera à 400.000 m3/jour dont 200.000 seront dédiés à l’irrigation.

A terme, le Maroc compte construire une vingtaine de stations dont une bonne partie sera installée dans le sud du Royaume. Pour leur fonctionnement, ces stations seront alimentées par les énergies renouvelables.

 

Par Charaf Jaidani

 

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