-Le rapport du Conseil de la concurrence met en évidence l'impératif d'une réforme radicale pour le marché du livre scolaire marocain.
-Objectifs : améliorer la qualité de l'éducation, réduire le gaspillage de ressources, et préparer les élèves à un avenir numérique.
Le Conseil de la Concurrence a publié un rapport détaillé mettant en lumière les défis auxquels est confronté le marché du livre scolaire au Maroc. Les conclusions de ce rapport constituent un appel à entreprendre des réformes en profondeur en vue d'améliorer le système éducatif marocain.
En effet, le marché du livre scolaire au Maroc repose actuellement sur un modèle économique obsolète, alimenté en grande partie par des financements publics et semi-publics, relève le rapport. Cette situation crée une offre et une demande déconnectées des réalités économiques du secteur.
Le rapport met en évidence un chiffre alarmant : chaque année, entre 25 et 30 millions de manuels scolaires sont produits au Maroc. Ces manuels, conçus pour une utilisation unique, sont souvent qualifiés de "jetables". Cette pratique entraîne un gaspillage considérable de ressources, notamment de matières premières et d'énergie.
Pour le Conseil, le marché marocain du livre scolaire est fortement axé sur le manuel papier, contrairement à d'autres pays où des supports numériques complémentaires, tels que les CD-ROM et les clés USB, sont courants. Cette approche limite les possibilités d'innovation pédagogique.
Aussi, le marché du livre scolaire est caractérisé par une concentration significative, où les quatre principaux groupes d'éditeurs contrôlent plus de 53% du marché. Cette concentration, alliée à des pratiques établies depuis des années, a créé des positions de rente pour certains éditeurs, entravant ainsi la concurrence.
Le rapport indique également que les prix des livres scolaires n'ont pas été révisés depuis 2008, et la procédure de fixation des prix ne respecte pas la réglementation dans la plupart des cas. Cette situation a eu un impact négatif sur la qualité des manuels, avec des répercussions sur la motivation des élèves.
Les recommandations du Conseil
Le rapport du Conseil de la concurrence formule plusieurs recommandations essentielles pour l'avenir du marché du livre scolaire au Maroc :
• Révision du modèle économique : Le modèle actuel doit être repensé pour refléter les besoins réels du secteur éducatif et encourager l'innovation.
• Révision des rôles du ministère de l'Éducation : Le ministère de l'Éducation doit revoir son rôle et ses missions pour impliquer davantage le secteur privé et académique.
• Cadre légal clair : Un nouveau cadre juridique transparent doit être mis en place pour offrir sécurité et visibilité aux acteurs du marché.
• Propriété des manuels officiels par l'État : L'État devrait reprendre la production des manuels officiels pour garantir leur qualité et leur pertinence.
• Réduction du gaspillage : Des programmes visant à réduire le gaspillage de ressources doivent être instaurés.
• Modernisation avec les nouvelles technologies : Il est essentiel d'intégrer le livre électronique dans une stratégie de modernisation.
Au définitive, le rapport du Conseil met en évidence l'impératif d'une réforme radicale pour le marché du livre scolaire marocain. Ces réformes sont cruciales pour améliorer la qualité de l'éducation, réduire le gaspillage de ressources, et préparer les élèves à un avenir numérique.