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Maroc : Plus de 4 femmes sur 5 exclues du développement

Maroc : Plus de 4 femmes sur 5 exclues du développement

Malgré le développement de nos sociétés, les femmes voient encore leurs droits bafoués à différents égards. Le Maroc est conscient qu’aujourd’hui il est essentiel de garantir l’égalité des chances entre hommes et femmes pour avancer d’un pas sûr vers le progrès et la prospérité. 

 

Sous le thème «L’égalité de genre, impératif du développement durable», le haut-commissariat au Plan a célébré, jeudi 10 mars à Rabat, la Journée internationale des femmes en organisant une rencontre en partenariat avec ONU-Femmes et l’Union européenne. 

Cette manifestation, à laquelle ont pris part des représentants des secteurs institutionnels publics et privés, des organisations professionnelles, de la sphère académique et de la recherche, de la société civile et des partenaires internationaux, a été l’occasion de présenter les résultats des travaux statistiques et études réalisées par le HCP sur la situation de genre dans différents secteurs d’activité du Maroc. 

Ces travaux traitent de façon didactique et interactive des acquis et défis nationaux en termes d’égalité entre les deux sexes, et ce par référence à une analyse économique de données inédites issues de la comptabilité nationale.

A cette occasion, Ahmed Lahlimi Alami, haut-commissaire au Plan, a précisé que l’objectif de ces travaux est «d’inscrire l’égalité de genre dans le sillage des engagements de notre pays et des pactes nationaux consacrés par le nouveau modèle de développement», notant que le NMD «place la cause féminine et la question du genre au cœur des problèmes de la croissance économique et du progrès de notre pays en pleine transition économique, démographique, sociale et sociétale ». 

Le HCP dresse le constat selon lequel les femmes sont celles qui souffrent le plus de la tendance baissière très prononcée de notre croissance et de la variation des conditions climatiques. Par conséquent, «pendant que les hommes se tournent vers l’informel, les femmes sont pour la plupart inactives et se consacrent aux activités domestiques du fait de la sous-valorisation de leur potentiel dans le marché de travail», souligne Lahlimi. 

La qualité de l’emploi de la femme reste toujours très faible. Quand elles accèdent à un emploi, celui-ci est souvent non-rémunéré. Selon le haut-commissaire au Plan, «il existe une très forte inégalité par rapport à l’homme. En effet, 64% des femmes actives occupées ont un emploi rémunéré contre 91% pour les hommes. En somme, la quasi-totalité des branches présente des écarts de salaires. La femme est piégée par le poids historique des rapports sociaux», fait-il savoir. 

Et de poursuivre : «En comparant les périodes 2000-2009 et 2010-2019, il ressort que la contribution de la femme à la croissance économique est passée d’une contribution positive de 30% lors de la première décennie des années 2000 à une contribution négative de 33% durant la deuxième décennie». 

Cette commémoration de la journée internationale des droits des femmes est une invitation à s’interroger sur les obstacles qui persistent et entravent l’émancipation des femmes. 

En dépit de toutes les avancées réalisées par le Maroc en matière d’égalité sur le plan législatif, institutionnel et légal, «force est de constater que les indicateurs restent alarmants, que ce soit en matière d’éducation, de santé et d’emploi. En témoignent notamment les inégalités persistantes entre les hommes et les femmes. Le taux d’activité des femmes est en constante baisse depuis des décennies. Ce sont plus de 4 femmes sur 5 qui sont exclues du développement», relève Leila Rhiwi, représentante de ONU Femmes-Maroc. 

«La participation des femmes dans tous les domaines est en premier lieu un droit fondamental, dont elles doivent jouir au même titre et à égalité avec les hommes», ajoute-t-elle. 

Pour sa part, Alessio Cappellani, chef adjoint de la délégation de l’Union européenne au Maroc, rappelle que l’accès des femmes à un emploi est «un indispensable facteur de progrès social, économique et environnemental.  C’est la raison pour laquelle l’ambition du nouveau modèle de développement est d’atteindre un taux d’employabilité des femmes de 45% en 2035». 

«En termes de coopération, l’Union européenne s’est fixée l’objectif de consacrer à l’horizon 2025 4,5% des ressources de la population internationale au profit de l’égalité. Toutes les sociétés du monde doivent aujourd’hui intégrer la dimension de genre dans les politiques publiques et pro-actives», poursuit-il. 

En marge de cette manifestation, le HCP a présenté sa nouvelle plateforme Genre. Développée avec l’appui d’ONU Femmes, elle s’inscrit dans le cadre d’un ambitieux programme visant à renforcer la production, la dissémination et l’utilisation des statistiques sensibles au genre et à répondre aux besoins croissants et variés des utilisateurs.

 

Par Malak Boukhari

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