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Nadia Fettah Alaoui doit-elle porter sa croix ?

Nadia Fettah Alaoui doit-elle porter sa croix ?

Lors de la récente séance à la Chambre des représentants, l’actuelle ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, comme le veut la coutume dans l’exercice inquisitoire des questions orales, a dû porter sa croix, en l’occurrence son inflation. 

 

 

Confrontés à une hausse quasi-généralisée des prix depuis plusieurs mois, avec notamment des prix à la pompe qui flirtent avec les 12 DH pour l’essence et les 10 DH pour le gasoil, les Marocains, à travers leurs représentants, cherchent tout légitimement à comprendre la passivité de l’actuel gouvernement face à cet état de fait, ou à désigner un bouc-émissaire, c’est selon.

Une inflation galopante qu’ils perçoivent autant dans les étiquettes des produits que dans leur porte-monnaie. 

Cela, dans un contexte de fortes tensions sociales après un an et demi de mesures restrictives du fait de la pandémie, et un gouvernement El Otmani asthénique et apathique, que le peuple a décidé de sanctionner de la manière la plus civilisée qui soit, celle des urnes.

Cependant, ce gouvernement, vu au tout début comme salvateur avec des discours mielleux et de belles promesses, semble accumuler en un temps record bourde après bourde, érigeant la maladresse quasiment en art : changement de dernière minute du ministre de la Santé sous un prétexte que certains qualifieraient de fallacieux, sachant que d’autres ministres, dont le chef du gouvernement, cumulent aussi deux mandats.

Imposition brutale et sans coup de semonce du «Pass vaccinal». Sortie catastrophique devant la Chambre des conseillers d’Ait Taleb, qualifié désormais de «ministre de la majorité» avec son célèbre «w lpaaaaasss !».

Voilà que maintenant, les Marocains devront se contenter d’un discours fataliste sur la flambée des prix.

Mais ne jetons pas la pierre trop rapidement à Madame la ministre. Car il est vrai que l’inflation que nous vivons actuellement est le résultat d’une conjoncture internationale très particulière : celle d’une crise énergétique multifactorielle que le Maroc subit au même titre que plusieurs autres pays, mais pas forcément avec les mêmes filets sociaux.

C’est ce qu’on qualifie en économie d’inflation exogène ou d’inflation importée.

De même, il est tout aussi vrai que des facteurs aggravant et, pour le coup, très marocains, ne sont pas de nature à arranger les choses.

Car rappelons qu’à une époque pas si lointaine que cela, les prix des hydrocarbures étaient régis par une logique de compensation, qu’un certain Benkirane a eu le malencontreux génie de supprimer, au nom de la réduction du sacro-saint déficit budgétaire, là où il fallait peut-être le faire en élargissant l’assiette fiscale, en combattant frontalement et sans pitié aucune l’informel, ce cancer de l’économie marocaine.

Mais la facilité fait l’affaire là où le courage fait défaut.

Et c’est là où les regards devraient se tourner vers l’Istiqlal, et plus particulièrement vers Nizar Baraka, non en tant qu’actuel ministre de l'Équipement et de l'Eau, mais plutôt en tant qu’ancien meneur de l’Istiqlal durant la précédente campagne électorale. Ce dernier avait mis un point d’honneur à défendre dans son programme l’idée d’un plafonnement des prix des hydrocarbures.

Une idée ou une promesse somme toute défendable, voire salutaire dans le contexte actuel, mais qui semble avoir été sacrifiée sur l’autel de la «majorité». Non pas celle de Khalid Ait Taleb, mais celle de la sainte-trinité gouvernementale.

Nadia Fettah Alaoui fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a. Mais il est peut-être temps désormais d’interpeller l’Istiqlal, dont la présence au sein du gouvernement semble s’être faite en sacrifiant certaines de ses plus belles promesses électorales, qui, si elles venaient à être exhumées aujourd’hui, pourraient lui permettre de redorer son blason, quitte à mettre en péril sa présence au gouvernement.

Car, dans des circonstances exceptionnelles comme celles que nous vivons, il arrive que l’on ait à choisir entre les postes ministériels et le peuple. Le peuple a la mémoire longue, et l’Istiqlal le sait peut-être plus que tout autre parti.

Voilà une occasion en or pour le parti de la balance de faire pencher cette dernière en faveur des classes moyennes et défavorisées, en jouant le rôle d’une opposition au sein même de la majorité, dans un contexte où l’opposition formelle est soit impuissante quantitativement, soit littéralement interdite d’entrer au Parlement !

 

Par Rachid Achachi, Chroniqueur, DG d'Arkhé Consulting

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