Economie Tout voir

Protectionnisme américain : Quelles cartes pour le Maroc face à Trump ?

Protectionnisme américain : Quelles cartes pour le Maroc face à Trump ?

Droits de douane, Dollar fort et tensions commerciales : le Maroc peut-il convertir les obstacles protectionnistes de Trump en levier économique ? Entre opportunités d'investissements et menaces sur ses exportations, le Royaume devra trouver sa place face au retour du protectionnisme américain.

 

Par Y. Seddik

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier 2025, Donald Trump a annoncé une série de mesures protectionnistes qui bouleversent les rapports économiques mondiaux. Parmi celles-ci, l’imposition de droits de douane de 10% sur les importations chinoises à partir de février, des menaces tarifaires contre l’Union européenne et des taxes sur les puces électroniques et produits pharmaceutiques. Ces décisions s’inscrivent dans une stratégie visant à encourager la production nationale et à rééquilibrer la balance commerciale des États-Unis.

Ces annonces ont suscité des interrogations sur leur impact potentiel, notamment pour des pays partenaires comme le Maroc. Avec un accord de libre-échange liant les deux nations depuis 2006, le Royaume pourrait à la fois bénéficier de nouvelles opportunités commerciales dans certains secteurs et subir les effets collatéraux de ce protectionnisme renforcé sur d’autres. Car, depuis l’application de l’accord de libreéchange (ALE) en 2006, les relations commerciales entre Rabat et Washington se sont nettement intensifiées, pour atteindre un volume d’échanges de 5,5 milliards de dollars en 2023.

Les exportations marocaines ont triplé depuis l’entrée en vigueur de cet accord, bien que le déficit commercial reste important, évalué à 47,6 milliards de dirhams. Le secteur agricole, pilier central des échanges bilatéraux, met en évidence le potentiel d’une collaboration accrue entre les deux pays. En 2023, ces échanges ont atteint 900 millions de dollars.

Protectionnisme et opportunités d’investissements

Avec ce retour à la présidence, Trump semble déterminé à renforcer son approche protectionniste. Yassir Kettani, économiste et spécialiste des échanges commerciaux, nous expliquait il y a quelques semaines que «si les États-Unis augmentent les droits de douane jusqu’à 60% sur certains produits chinois, cela pourrait avoir un impact plus massif que lors de la première guerre commerciale». Pour le Maroc, les conséquences seraient ambivalentes. Les exportations marocaines vers les États-Unis, notamment dans les secteurs du textile, de l’agroalimentaire et des phosphates, pourraient subir des entraves si le climat protectionniste se durcit. En revanche, l’augmentation des tarifs douaniers contre des acteurs comme la Chine pourrait offrir des opportunités aux produits marocains.

«Le Maroc pourrait tirer parti de ce protectionnisme s’il reste un partenaire commercial fiable, moins affecté par les restrictions douanières américaines», a précisé Kettani. L’une des stratégies économiques clés du Maroc face au protectionnisme américain pourrait résider dans l’attraction de nouveaux investissements étrangers.

Les récentes tensions commerciales créées par les politiques de Trump pourraient pousser des entreprises, notamment dans les secteurs de l’automobile, des énergies renouvelables et de l’agroalimentaire, à chercher des alternatives pour contourner les barrières douanières. Le Maroc, avec son accord de libre-échange avec les ÉtatsUnis et sa proximité stratégique avec l’Europe, pourrait être une destination de choix pour ces entreprises.

«Les tensions commerciales pourraient paradoxalement jouer en faveur du Maroc, qui offre un cadre réglementaire stable et des accords avantageux. Le Royaume pourrait se positionner comme une plateforme de production et d’exportation vers les marchés américains, européens et africains», ajoute Yassir Kettani. Cette approche permettrait non seulement de diversifier les sources de revenus économiques, mais aussi de renforcer la résilience du Maroc face aux fluctuations des politiques internationales.

Un Dollar fort, une arme à double tranchant

D'un autre côté, la politique monétaire de Trump pourrait renforcer le Dollar, ce qui aurait des effets contrastés pour le Maroc. En poussant pour des taux bas, Trump espère soutenir les exportations américaines, mais un Dollar fort pourrait compliquer cette dynamique et avoir des répercussions mondiales.

Pour le Maroc, un Dollar en hausse présente deux conséquences principales : «d’un côté, cela rend les exportations marocaines plus compétitives sur d’autres marchés que les États-Unis. D’un autre côté, la hausse des coûts des importations américaines pourrait accentuer notre déficit commercial», explique Kettani. Au final, la nomination de figures pro-marocaines, comme Marco Rubio au poste de secrétaire d’État, alimente l’optimisme. Mais l’imprévisibilité de Trump exige du Maroc plus de vigilance. Entre opportunités et défis, le Royaume devra jouer ses cartes avec pragmatisme pour consolider sa place en tant que partenaire privilégié des États-Unis..

 

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Jeudi 30 Janvier 2025

Sahara marocain : Sao Tomé-et-Principe réaffirme son soutien à l'intégrité territoriale du Maroc

Jeudi 30 Janvier 2025

Intempéries : ADM appelle les usagers des autoroutes à faire preuve de vigilance

Jeudi 30 Janvier 2025

Démarchage téléphonique : Les call centers marocains face au coup de frein législatif français

S'inscrire à la Newsletter de La Quotidienne

* indicates required