Le changement du régime de change permettra au Maroc de gagner en liberté d’action et en indépendance en matière de pilotage de son économie. C'est ce qu'a affirmé l’économiste français Michel Ruimy. En optant pour cette démarche voulue, ordonnée et graduelle, le Maroc veut éviter l’échec de la réforme initiée par certains pays en s’appuyant, comme prérequis, sur des équilibres macroéconomiques maîtrisés de façon permanente, comme par exemple un niveau suffisant de réserves de change, un faible volume de capitaux spéculatifs, une inflation maîtrisée, une réglementation des changes rigide, un déficit budgétaire contenu et un secteur bancaire solide, a expliqué l’économiste dans une analyse parue au dernier bulletin de l’Observatoire d’études géopolitiques (OEG) de Paris, notant que "cette réforme structurelle du régime de change, nécessaire et obligatoire, s’impose car le pays ne peut plus concilier un taux de change fixe, une politique monétaire indépendante et une ouverture économique".
L’incertitude dans laquelle évolue actuellement l’économie mondiale comportant de forts risques, le Maroc serait contraint, face à un choc extérieur de grande ampleur, de dévaluer fortement sa monnaie et de gérer d’importantes conséquences sur l’économie et la société, a-t-il poursuivi, relevant qu’un taux de change plus flexible permettrait de lier davantage la politique monétaire à l’économie domestique et moins à un ancrage externe.
Même si cette démarche semble être maîtrisée, il n’en demeure pas moins qu’une des clés de la réussite de cette initiative réside dans un travail d’éducation financière du secteur privé, a conclu ce professeur à l’Ecole de commerce de Paris.