La rentrée effective pour l’année scolaire 2022-2023 qui a eu lieu, ce lundi 5 septembre, était à la fois très attendue et très inquiétante, pour de nombreuses raisons, surtout après deux saisons gravement perturbées et handicapées par la crise sanitaire du Covid-19.
Par Abdelhak Najib, écrivain journaliste
La constante, c’est que malgré le débat véhément sur la cherté des fournitures scolaires, quand on fait la tournée des librairies, nous avons droit au même son de cloche : «ce sont les prix pratiqués par toutes les librairies. Ce n’est pas la faute des libraires, mais du ministère et du gouvernement qui n’ont pas su faire les réglages nécessaires pour éviter cette situation intenable et pour nous et pour les parents», affirme ce libraire de Casablanca.
Mais au-delà des prix qui ont augmenté, il y a la pénurie de certains manuels qui pose problème, comme le précise Hassan El Kamoun, vice-président de l’Association des librairies indépendantes au Maroc. «Certains livres ne sont pas encore disponibles dans les librairies, en particulier ceux destinés aux lycéens, parce que le ministère n’a pas subventionné cette catégorie. Cela a eu un impact sur les revenus des libraires, qui ne vont pas, pour la majorité, s’aventurer à s’en procurer», tout en précisant que certains manuels destinés aux lycéens sont catégoriquement introuvables dans les librairies.
Une situation inextricable qui pénalise cette rentrée et peut créer encore des retards.
Pour les professionnels du secteur de l’édition des manuels scolaires, la réponse est qu’il y a, d’un côté, un réel retard de la part des imprimeurs et des éditeurs de ces manuels. Et de l’autre, des difficultés liées à l’approvisionnement en papier dont le prix est monté en flèche, non seulement au Maroc, mais à l’échelle mondiale, passant de 8.000 DH la tonne à 18.000 DH la tonne.
Une marge de 10.000 DH qui semble un véritable obstacle venant s’ajouter à tous les retards accusés dans la gestion de cette rentrée scolaire censée rompre avec les deux précédentes et entamer un nouveau chapitre, sans stress, sans peur, sans imprévus ni mauvaises surprises de dernière minute.
C’est d’ailleurs dans ce sens que le vice-président de l’association des librairies indépendantes au Maroc précise que «La décision du gouvernement de soutenir les éditeurs a été très tardive.
Les éditeurs ont pourtant demandé une augmentation des prix depuis le mois de février, et le ministère n’a répondu qu’à la mi-août. La rentrée se prépare dès le mois de janvier pour les éditeurs, dès le mois de mai pour les distributeurs et dès le mois de juillet pour passer les commandes et recevoir la marchandise en quantités suffisantes».
Autrement dit, les manuels qui ne sont pas encore sur les rangées des librairies, sont en cours d’impression et vont être livrés le plus tôt possible.
Ceci pour les écoles publiques. Concernant le privé, et selon la majorité des avis, presque tous les manuels sont disponibles.
Ce qui montre le gap entre les deux secteurs public et privé, qui ne sont pas logés à la même enseigne, puisque ce spécialiste de l’édition scolaire et libraire à El Jadida, Hassan El Kamoun, affirme que certaines écoles se sont tout bonnement substituées aux imprimeurs et aux libraires étant donné qu’elles fournissent elles-mêmes les manuels aux élèves.
«Cette pratique est interdite par la loi. D’ailleurs, l’année dernière, le parlement a validé la loi qui interdit clairement aux établissements privés de vendre les livres dans leurs établissements», explique-t-il.
Sur un autre niveau, il faut aussi revenir sur le prix des cahiers qui a augmenté de 85%, selon les professionnels du secteur. Cette hausse des prix «concerne aussi bien les cahiers de 96 pages que ceux de 192 pages.
C’est une augmentation qui est due à la pénurie du cahier sur le marché». C’est ce qui explique que le cahier de 50 feuilles, à titre d’exemple, coûtait au début de juillet 2022, 2,90 DH et le cahier de 100 feuilles coûtait 5,30 DH. Aujourd’hui, leurs prix ont doublé, comme le précisent plusieurs libraires.
Ce qui n’est pas du tout dans le budget de centaines de milliers de familles qui n’arrivent pas à assurer cette rentrée dans la sérénité.