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Tunisie: Racisme d’Etat, punition économique

Tunisie: Racisme d’Etat, punition économique

La présence en Tunisie d'immigrés clandestins provenant de pays d'Afrique subsaharienne est source de «violence, de crimes et d'actes inacceptables»; cela relève d'une «entreprise criminelle» visant à «changer la composition démographique» du pays. Voici un extrait des propos irresponsables et inadmissibles tenus le 21 février dernier par le président tunisien Kaïs Saïed.

Depuis, les 21.000 ressortissants originaires d’Afrique subsaharienne ne se sentent plus en sécurité, qu’ils soient en situation irrégulière ou non. C’est une véritable chasse aux noirs qui est en effet organisée dans ce pays, où ils sont persécutés, insultés, violentés physiquement par des citoyens tunisiens avec la complicité des autorités et virés de leur logement par les bailleurs.

Conséquence : Ivoiriens, Maliens, Guinéens… ont pris d’assaut leur ambassade et demandé à quitter la Tunisie, certains ayant été même contraints d’interrompre leurs études. Depuis samedi dernier, les opérations de rapatriement ont commencé.

Le discours haineux de Saïed a payé. Le mal est fait. Les objurgations de la société civile tunisienne n’y ont rien changé. Encore moins la condamnation des propos du président tunisien par l’Union africaine. Aujourd’hui, l’image de la Tunisie est plus que jamais ternie, malgré la piteuse tentative de rétropédalage des autorités, qui ont annoncé quelques mesures en faveur des Subsahariens. Car le discours xénophobe de Saïed a eu une résonnance internationale. Même l’ONU a réagi.

«Nous sommes très préoccupés par la vague d'arrestations que nous avons constatée et les arrestations arbitraires, qui concernent en particulier l'opposition politique, la société civile, les journalistes, ainsi que la répression croissante à l'égard des migrants», a souligné le porte-parole de l’Organisation onusienne, Stéphane Dujarric, ajoutant que «condamnons sans réserve toutes les déclarations xénophobes et racistes». Même son de cloche aux USA.

«Nous sommes profondément préoccupés par les propos tenus par le président tunisien concernant la migration des Subsahariens vers la Tunisie ainsi que les informations faisant état d'arrestations arbitraires de migrants ces dernières semaines», a indiqué le porteparole du département d’Etat américain, Ned Price. Qui appelle «les autorités tunisiennes à respecter leurs obligations en vertu du droit international pour protéger les droits des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants».

Dans la foulée, le Groupe de la Banque mondiale a décidé de suspendre sa coopération avec la Tunisie. Dans une note envoyée dimanche soir au personnel, le président de la BM, David Malpass, a déclaré que l’institution financière suspend le cadre de partenariat avec la Tunisie, qui définissait les futurs programmes de 2023 à 2025, et reporte jusqu'à nouvel ordre une réunion de son Conseil d'administration, prévue initialement le 21 mars courant, pour examiner ce nouvel engagement stratégique.

«La sécurité et l'inclusion des migrants et des minorités font partie des valeurs fondamentales d'inclusion, de respect et d'antiracisme de notre institution sous toutes leurs formes», a-t-il souligné. «Les commentaires publics qui attisent la discrimination, l'agression et la violence raciste sont totalement inacceptables», a ajouté le président de la Banque mondiale.

Les propos inconséquents de Saïed vont donc avoir des répercussions économiques importantes, puisque la BM reste l’un des principaux donateurs de la Tunisie, à travers notamment l'aide à l'importation de produits alimentaires et le développement des entreprises. Dans le même sens, des appels au boycott des produits tunisiens sont relayés sur les réseaux sociaux dans plusieurs pays africains.

La punition économique est-elle cependant une réponse suffisante face à ce racisme d’Etat  ? Elle peut faire mal, mais il faudrait que l’UA riposte de manière plus ferme face à ces dérives racistes d’un chef d’Etat membre de l’Union. 

 

 

Par D. William

 

 

 

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