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Diplomatie: de Lusaka au pont Allenby

Diplomatie: de Lusaka au pont Allenby

La diplomatie algérienne a essuyé un revers cuisant en Zambie, où le Conseil exécutif de l'Union africaine a choisi le Rwanda pour abriter le siège de l’Agence africaine du médicament.

Au même moment, le Maroc est vivement applaudi pour son rôle prééminent dans la réouverture du poste-frontière Allenby/Roi Hussein.

 

Par F. Ouriaghli

 

La diplomatie algérienne a pris l’habitude d’essuyer les déconvenues. Elle les accumule, s’en accommode parfaitement et ne s’en émeut guère. Pour ainsi dire, ces revers diplomatiques sont devenus une normalité dont ne s’indignent que les intelligences rebelles algériennes. Le pouvoir en place, lui, n’en a cure.

Dernier fait en date : l’échec cuisant d’Alger, vendredi dernier à Lusaka (Zambie). Le siège de l’Agence africaine du médicament (AMA) sera en effet finalement installé au Rwanda. L’Algérie, qui était en «compétition» avec le pays de Paul Kagamé pour accueillir ce siège, a essuyé une cinglante défaite : la majorité des pays africains a voté pour le Rwanda, qui a obtenu 82% des voix. C’est dire que les manœuvres outrancières du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, n’ont servi à rien.

Il a non seulement fait des promesses à tout va, notamment la mobilisation d’une subvention financière d’environ 200 millions de dollars pour construire 6 bâtiments et la prise en charge de l’ensemble des frais pour l’opérationnalisation du siège durant les deux premières années, mais il a aussi tenté de soudoyer vilement la délégation rwandaise. Et ce, en lui proposant le soutien algérien pour assurer la direction générale de l’AMA, en échange d’un désistement du Rwanda. Ce qui a été vivement décrié par les diplomates africains.

Mais pour qui connaît les pratiques du pouvoir algérien, ce comportement de Lamamra n’est point étonnant. La diplomatie algérienne a l’habitude de s’asseoir sur les pratiques démocratiques quand les choses ne tournent pas en sa faveur. Pourtant, à Lusaka, elle avait l’occasion de se faire discrète et d’éviter la débâcle, d’autant que suite au processus d’évaluation de l’équipe relevant de la Commission de l’Union africaine, c’est le Rwanda qui était placé en tête de liste des huit candidatures africaines en lice. Ce nouveau revers tient donc de l’entêtement, de l’orgueil, voire de l’incompétence d’une diplomatie algérienne dont la voix devient de plus en plus discréditée et inaudible au sein des instances nationales.

 

Tout le contraire du Maroc

Le hasard du calendrier fait bien les choses. Pendant que la diplomatie algérienne ruminait sa lamentable déroute, le Maroc, quant à lui, était mis sur orbite. Car, ce même vendredi 15 juillet, les autorités israéliennes ont décidé l'ouverture, sans interruption, du poste-frontière Allenby/ Roi Hussein, reliant la Cisjordanie et la Jordanie. Une décision historique prise grâce à une médiation directe du Royaume du Maroc, sous le leadership du Roi Mohammed VI. Cette médiation, menée par le Royaume du Maroc et les Etats-Unis d’Amérique, a permis d’aboutir à un accord pour l’ouverture permanente 24/7 de ce passage situé à environ 50 km de la capitale Amman. Cette ouverture sera effective prochainement dès que les conditions logistiques seront réunies, notamment en termes des ressources humaines.

 

L’AMA, en bref
L’AMA est une structure de l’Union africaine chargée de la réglementation des produits pharmaceutiques. Elle vise à mettre en commun les ressources et les expertises du continent africain afin de remédier au manque d’accès à des produits médicaux de qualité et abordables. Elle vise aussi à la réduction de la dépendance excessive à l’égard des produits médicaux importés. L'Agence africaine du médicament fait partie des initiatives pionnières lancées par les dirigeants africains lors de la 32ème session ordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine le 11 février 2019 à Addis-Abeba, dans le but de contribuer de manière significative à la promotion de l'intégration africaine et de réaliser les objectifs de l'Agenda continental 2063.

 

Ce succès retentissant de la diplomatie marocaine n’est pas passé inaperçu. Bien au contraire, il a été fortement salué à l’international, au regard notamment de sa portée politique. Le Maroc «s'affirme à nouveau comme un garant de la stabilité en méditerranée et au MoyenOrient», a souligné, à ce titre, le député italien Paolo Grimoldi. De son côté, le directeur exécutif de la Fédération séfarade américaine (ASF), Jason Guberman, a affirmé que «Sa Majesté le Roi Mohammed VI doit être salué pour la percée diplomatique et humanitaire entre Israël, le Royaume de Jordanie et l’Autorité palestinienne ayant permis l’ouverture du poste frontière Allenby/Roi Hussein». Et pour l’expert américain Calvin Dark, «le rôle du Maroc sous l’égide de SM le Roi Mohammed VI dans les négociations visant l'accès des Palestiniens au poste frontière Allenby/Roi Hussein est un autre exemple de l'engagement du Royaume en faveur de la paix dans la région ainsi que de son importance en tant que partenaire et allié des EtatsUnis».

C’est cependant sans triomphalisme que le Maroc accueille tous ces éloges. Car cette médiation réussie n’est en réalité que la conséquence de l’engagement constant du Roi, président du Comité Al-Qods, en faveur de la paix et de la prospérité au Moyen-Orient, en général, et de la cause palestinienne, en particulier. Des Palestiniens qui, grâce à la réouverture du poste-frontière d’Allenby, vont voir leur quotidien s’améliorer grâce, entre autres, à la facilitation du commerce. Voilà de quelle manière brille le Maroc à l’international  ! Un nouveau succès qui contraste avec la grisaille de la diplomatie algérienne. 

 

Allenby, un pont centenaire

C’est Wikipédia qui nous en apprend davantage sur le pont Allenby, connu aussi sous le nom de King Hussein Bridge (pont Roi Hussein). Il permet de relier la Cisjordanie et la Jordanie. Il a été initialement construit en 1918 par le général britannique Edmund Allenby, et détruit une première fois en 1946 et de nouveau endommagé lors de la Guerre des six jours en 1967. Il est remplacé un an plus tard par un pont en treillis. L'actuel pont a été construit avec l'aide de fonds japonais durant les années 1990 à la suite de la signature du traité de paix israélo-jordanien en octobre 1994. Considéré tant par l'Autorité palestinienne que par l'administration israélienne comme un point de passage vers leur territoire, il est géré concomitamment par les deux entités. Les autorités jordaniennes reconnaissent elles aussi le pont comme un point d'entrée à la frontière internationale.

 

 

 

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