Le président français a dissous le Parlement le 9 juin dernier en vertu de ses pouvoirs constitutionnels, après que le Rassemblement National a remporté les élections européennes en France. Les Français n’ont pas compris pourquoi le Président a agi ainsi.
Beaucoup d'analystes politiques y ont vu une aventure risquée, tandis que d'autres l’ont considérée comme une stratégie calculée pour affaiblir l'extrême droite avant qu'elle ne prenne de l’élan à l'avenir.
Rapidement, les élections législatives du premier tour ont eu lieu, et le Rassemblement National a pris la tête en termes de sièges. Cela a induit des changements majeurs en France, où les programmes des partis politiques se sont concentrés sur un seul objectif : «Faire face à l'extrême droite représentée par le Rassemblement National».
Les médias français ont joué un rôle crucial en instillant la peur de l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
Cette situation politique surprenante a poussé les partis de gauche à s'unir temporairement pour renforcer leurs chances d’accéder au pouvoir. De même, le camp macroniste s'est uni sous le nom du «Front Républicain», créant ainsi des fronts comme si nous étions en guerre civile.
Cependant, ceux qui ne comprennent pas la Constitution française et les lois électorales françaises ne saisissent pas l'ampleur des manœuvres politiques permises par ces lois, créées depuis les années 40 pour contrer le Parti communiste français.
Le système électoral du second tour permet de contrôler les résultats des élections grâce à l'intervention des acteurs politiques qui décident des alliances et du retrait au second tour, orientant ainsi indirectement les électeurs vers une direction spécifique, soit de manière volontaire soit sous contrainte.
C'est ainsi que s'est formée «l'alliance de gauche», car le classement des partis politiques selon les résultats individuels donne la priorité au Rassemblement National qui a obtenu le plus grand nombre de voix jamais enregistré, soit 28% des voix exprimées.
Malgré cela, l'alliance de gauche, regroupée sous la bannière du «Nouveau Front Populaire» au second tour avec 180 sièges, ne reflète pas la volonté des électeurs selon le classement des résultats individuels. En effet, l'alliance de gauche est une coalition politique qui ne représente pas nécessairement une force unifiée ou une gestion unifiée des électeurs.
En revanche, «le Front Républicain» du Président français a obtenu 168 sièges, contre 143 pour le Rassemblement National (extrême droite) et ses alliés.
La majorité absolue de 289 députés n'a été remportée par aucun camp, laissant ainsi le champ libre au Président français, car l'annonce du résultat final n’est pas synonyme de la formation du gouvernement, étant donné que c’est la nature de la Constitution qui détermine la formation de l'exécutif.
Malgré la concurrence entre environ 1.094 candidats au premier tour pour occuper 577 sièges à l'Assemblée nationale française, seuls 75 députés ont été élus au premier tour sur les 577 sièges, soit environ 13% seulement, ce qui est un chiffre faible.
Ainsi, plus de 200 candidats des deux alliances politiques, celles du centre et de la gauche, se sont retirés au second tour au profit d'un autre candidat concurrent du Rassemblement National, car la dispersion des voix au premier tour a rendu les résultats très faibles dans les circonscriptions électorales.
En effet, lors du premier tour, le Rassemblement National a obtenu 39 sièges, contre 32 pour le Nouveu Front Populaire et seulement deux pour le camp présidentiel, ce qui permet de dire que le premier tour n’a été qu'un test. Mais en raison des lois électorales et de l'intervention des acteurs politiques, le second tour s’est transformé en nouvelles élections visées par le Président français.
Les pouvoirs constitutionnels de ce dernier et les lois électorales françaises ont joué un rôle clé dans le déroulement des opérations électorales.
Une lecture attentive des élections parlementaires révèle que Le Front Démocratique du Président français a été le véritable acteur politique tout au long du processus électoral et a réussi son pari.
L'objectif de former des fronts politiques et d'empêcher l'extrême droite d'obtenir une majorité absolue, évitant ainsi au Président français de devoir nommer un leader d'extrême droite conformément à la Constitution.
En même temps, l'enthousiasme populaire de la gauche française a été mis à contribution pour ne pas laisser le camp du Président seul face à l'extrême droite. Ainsi, le Président français et ses alliés du camp libéral et du centre ont pu maintenir leurs pouvoirs constitutionnels sans être légalement contraints de nommer un Premier ministre que ce soit du Rassemblement National ou de l'alliance de gauche, car les deux menacent l'économie française.
L'alliance de gauche a des programmes sociaux non réalisables et incompatibles avec la performance actuelle de l’économie française, tandis que le Rassemblement National a des programmes flous et rejetés par l'Union européenne.
Ainsi, le Président français peut former un nouveau gouvernement, d’une durée d’un an, conformément à la constitution et dissoudre le Parlement pour une deuxième fois. A cet égard, il a appelé à «la prudence» dans le traitement des résultats électoraux finaux. Car, malgré l'apparition des résultats électoraux et la connaissance des réactions de toutes les parties prenantes, la plus importante opération politique à venir reste la structuration de l'Assemblée nationale française en fonction des coalitions et des groupes parlementaires, où l'acteur politique intervient également. Car, il s’agit ici d’un autre résultat final que le Président français pourra exploiter aisément pour assurer le fonctionnement des institutions et prendre les décisions qui s’imposent dans l’intérêt suprême de l’Etat.
La France étant régie par les lois et les accords de l'Union européenne, elle est également un Etat nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité sur laquelle s'appuie l'Union européenne.
El Hassan Abiaba, Professeur de l’Enseignement supérieur et ancien ministre