- L’une des entreprises du chef du gouvernement retenue pour la réalisation de la station de dessalement d’eau de mer à Casablanca.
- Le PJD dénonce un conflit d’intérêts manifeste et exige à Akhannouch de quitter ses fonctions.
Suite à une réunion extraordinaire de son secrétariat général, tenue le 17 décembre courant, le Parti de la Justice et du développement (PJD) a accusé Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, de conflit d’intérêt manifeste.
Cette accusation fait suite aux propos qu’il a tenus lors de son intervention mensuelle devant la Chambre des représentants, selon lesquels l’une de ses entreprises était retenue pour la réalisation de la station de dessalement d’eau de mer à Casablanca, la plus grande de son genre au Maroc et en Afrique.
Pour apporter plus de détails sur le sujet, les responsables du PJD ont organisé une conférence de presse au sein de leur siège à Rabat, durant laquelle ils ont estimé que «les agissements d’Akhannouch violent les clauses de la Constitution, qui interdisent les conflits d’intérêt pour les responsables publics».
Le parti a mis l’accent sur le cahier des charges de ce marché qui doit être protégé par toutes les conditions de transparence et d’équité.
Pour Abdellah Bouanou, chef du groupe PJD à la Chambre des représentants, «Aziz Akhannouch se contredit, puisqu’il a affirmé devant les députés que ce genre de projets ne bénéficiera pas de subvention.
Alors qu’un communiqué de la Primature en date du 10 décembre, relatif à la Commission nationale des investissements, indique que la station de dessalement des eaux de mer de Casablanca fait partie de quatre projets stratégiques qui ont eu le soutien de l’Etat».
«Cette affaire est un scandale inédit portant atteinte aux valeurs d’éthique, de principe de l’égalité des chances, de la concurrence loyale, de la bonne gouvernance et de l’intégrité publique. Elle va avoir des effets néfastes sur l’économie nationale», s’indigne Bouanou.
Pour sa part, Driss Azami Idrissi, président du Conseil national du PJD, a affirmé dans son intervention que «cette affaire risque de ternir l’image de marque du Royaume et donner de mauvais de signaux aux investisseurs étrangers».
Il a, à cet égard, listé les différents textes de loi qui interdisent le conflit d’intérêt aux membres du gouvernement. «L’entreprise d’Akhannouch a bénéficié de plusieurs mesures de soutien conçues sur-mesure, comme des exonérations fiscales ou des facilités au niveau de la procédure pour l’attribution du marché», dénonce-t-il.
Même son de cloche chez Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD. «Aziz Akhannouch est propriétaire de l’entreprise qui a répondu à l’appel d’offres pour la construction de la station de dessalement. Il préside aussi la Commission interministérielle des investissements et le Conseil d’administration de l’ONEE, l’institution publique qui supervise le marché sur le plan technique.
Il est également chef du gouvernement et contrôle tous les départements ministériels, surtout celui de l’Economie et des Finances. En fin de compte, il ne peut être juge et partie. Outre le scandale politique, cette affaire va créer une crise de confiance entre les citoyens, le gouvernement et les partis politiques. Il faut un autre chef du gouvernement, sinon la situation va se compliquer davantage», conclut-il.
Charaf Jaidani