Le président malgache Andry Rajoelina a écarté toute idée de démission lundi soir, malgré son exfiltration du pays par un avion militaire français.
Dans une allocution diffusée depuis un «lieu sûr», le chef de l’Etat, invisible depuis le week-end, a dénoncé une «tentative de meurtre» et appelé à «respecter la Constitution», alors que l’armée semble désormais avoir pris les rênes du pouvoir.
Selon RFI, le président a été transporté dimanche de l’île Sainte-Marie vers La Réunion à bord d’un appareil militaire français, avant de s’envoler vers Dubaï, destination supposée de son exil.
La crise, déclenchée le 25 septembre par des coupures d’eau et d’électricité, a dégénéré en contestation politique majeure.
Après plusieurs semaines de manifestations réprimées dans le sang (22 morts et plus d’une centaine de blessés, selon les Nations unies), le Capsat, unité clé de l’armée malgache déjà impliquée dans le coup d’Etat de 2009, a annoncé le 12 octobre qu’il reprenait le contrôle des forces armées.
«Désormais, tous les ordres de l’armée malgache émaneront du quartier général du Capsat», ont déclaré ses officiers dans un communiqué.
Le mouvement, initié par la Génération Z, exprime un ras-le-bol généralisé contre la pauvreté, les délestages constants et une gouvernance jugée autoritaire.
Malgré un taux de croissance estimé à 4,2% en 2024, près de 80% des 32 millions de Malgaches vivent avec moins de 2,80 euros par jour.
Dans ce contexte, la colère populaire dépasse largement le cadre politique et traduit une profonde aspiration à la dignité et à la justice sociale.
Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2009, Andry Rajoelina se retrouve isolé : lâché par l’armée, ses proches et la rue. La France, partenaire historique, se tient à distance prudente, tout comme l’Union africaine, qui appelle au respect de l’ordre constitutionnel.
Le départ du président pourrait ouvrir la voie à une transition, mais rien ne garantit qu’elle se fera sans heurts. Dans une île habituée aux cycles de soulèvements et de régimes militaires, la promesse d’un retour à la stabilité demeure fragile.