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Maroc-UE : La mauvaise graine est dans les institutions européennes

Maroc-UE : La mauvaise graine est dans les institutions européennes

La résolution non contraignante votée par le Parlement européen (lien) le jeudi 19 janvier 2023 et exhortant les autorités marocaines à respecter «les droits de l’Homme», «la liberté d'expression et la liberté des médias» continue à créer des réactions hérissées au Maroc. 
 

 Après la réaction du Club des magistrats du Maroc, qui a dénoncé l’ingérence du Parlement européen (PE), ce fut au tour, samedi, du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) de condamner vivement les allégations sans fondements contenues dans la résolution du PE.

Dans la foulée, les deux chambres du Parlement organisent ce lundi une plénière conjointe, consacrée à la discussion des dernières positions du PE vis-à-vis du Maroc.

Au niveau arabe, dans un communiqué publié dimanche au Caire, à l'issue de sa troisième session au titre de la troisième législature, le Parlement arabe a "enregistré avec grand mécontentement" la poursuite de l'ingérence du Parlement européen dans les affaires internes du Maroc et dans les procédures judiciaires d'un pays arabe souverain, ouvert sur les mécanismes onusiens d'évaluation.
 
Grilles de lecture

Cette résolution des eurodéputés appelle deux principales grilles de lecture. 

D’abord, elle confirme bien que le partenariat Maroc-UE n’est pas un long fleuve tranquille. S’il est globalement au beau fixe, il est en effet souvent dynamité par les courants extrémistes hostiles au Royaume.

Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, l’a souligné pas plus tard qu’en octobre dernier, à l'issue de la signature d'un Mémorandum d'entente portant sur l'établissement d’un Partenariat vert avec l'UE.

Dénonçant le «harcèlement judiciaire comme une adversité à l'égard du partenariat» entre Rabat et Bruxelles, il a souligné la nécessité d’«immuniser ce partenariat contre les spoilers».

Car, poursuit-il, il s’agit d’«un partenariat qui marche, qui a des alliés, qui a des amis, mais qui a évidemment des adversaires». 
 
Début janvier courant, à l’occasion de la visite de Josep Borrel, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, dans le Royaume, Bourita est revenu à la charge pour dénoncer le harcèlement juridique continu et les attaques médiatiques répétées dont fait l’objet le partenariat Maroc-UE. 
 
Ensuite, la résolution du PE montre, tant s’en faut, la posture ambigüe de l’UE et son incapacité à parler d’une seule voix. Ses tergiversations récurrentes jettent le trouble sur ses relations avec le Royaume, particulièrement quand ses instances législatives ou judiciaires naviguent à contre-courant du partenariat entre les deux parties.

Dit autrement : dans ce partenariat Maroc-UE, la mauvaise graine est nichée dans les institutions européennes. 

C’est cette ambiguïté qui avait poussé, en 2016, le Maroc à geler ses contacts avec les institutions européennes présentes à Rabat, puisque la Cour européenne de justice, outrepassant ses prérogatives, avait annulé l’accord agricole Maroc-UE.

Aujourd’hui, le Maroc est clairement la victime collatérale des dysfonctionnements des institutions européennes. Qui ont largement de quoi s’occuper, avec notamment :
          - le scandale de corruption qui gangrène l’institution parlementaire;
          - et la guerre en Ukraine dans une Europe crépusculaire et qui lutte pour préserver une influence géostratégique largement entamée. 

Et face aux dérapages répétitifs de ses institutions, l’UE doit sortir de son mutisme et clarifier sa position vis-à-vis du Royaume.

C’est d’ailleurs le message que vient de lancer le Mouvement Populaire : «le parti appelle l'Union européenne, qui est un partenaire stratégique du Maroc, à rompre son silence et à exprimer sa position par rapport à ce dangereux dérapage dans lequel a sombré le Parlement européen sous l’instigation de certains courants populistes et milieux partisans relevant d’entités dont les positions sont motivées par des intérêts étriqués et ressentent le gaz tari et promis».
 
F. Ouriaghli

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