L’arrivée d’Omicron a poussé les autorités à fermer les frontières au moins jusqu’au 31 janvier.
Seront-elles rouvertes à cette date ? On le saura «à la toute dernière minute», selon le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.
On peut quand même reconnaitre une chose qui ne peut souffrir d’aucune contestation : depuis que cette majorité est au pouvoir, elle a instauré une forme de gouvernance inédite. Ce gouvernement a en effet des talents particuliers :
-Primo : pendant 100 (cent) jours, il a réussi à gouverner par communiqué. Ces trois derniers mois, les plus grandes décisions qui ont eu un impact sur l’économie nationale et la vie des citoyens ont été annoncées via des communiqués laconiques, et parfois portées sur la place publique, tenez-vous bien, par des opérateurs comme Royal Air Maroc ou l’Office national des aéroports (ONDA).
- Secundo : Toutes ces décisions ont été prises de façon brutale et subite, prenant toujours de court la population.
- Tertio : Malgré les objurgations des uns et des autres, toutes les mesures prises ont finalement été acceptées par les citoyens.
Reconnaissons donc que l’équipe gouvernementale est talentueuse.
Attardons-nous un peu cependant sur le second point, car il semble bien que le gouvernement ait un penchant naturel pour les surprises-parties.
Sauf que nous ne sommes pas à Ibiza, et la situation est bien assez grave pour pousser à changer de fusil d’épaule et à gérer autrement cette phase de la pandémie.
Rappelons, à ce propos, ce qu’a affirmé le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, lors de son grand oral devant la télévision publique mercredi dernier, sur la réouverture des frontières : «le sujet est sur la table et j'espère que les frontières seront ouvertes les semaines à venir».
Mais c’est sa conclusion qui est la plus déconcertante : «la décision sera prise à la toute dernière minute».
Encore une fois, comme pour le pass vaccinal, on est dans la stratégie du fait accompli, avec un relent d’impréparation synonyme de désordre, puisque les compagnies aériennes et les autres acteurs du tourisme seront pris au dépourvu, tout comme tous ces gens qui doivent voyager et qui vont prendre d’assaut les agences de voyages.
Pourtant, il y a moyen de faire autrement, compte tenu de toutes les données disponibles sur Omicron.
De plus, les épidémiologistes chevronnés de ce pays avaient prédit que le pic de cette 3ème vague serait atteint durant la semaine du 17 au 23 janvier, voire la semaine du 24 janvier.
Toutes ces informations peuvent servir à planifier correctement la levée des restrictions, en particulier la réouverture des frontières.
D’abord, cela permettra aux transporteurs aériens de s’y préparer convenablement. Ensuite, les hôteliers, agences de voyages…, auront cette visibilité dont ils manquent cruellement pour concocter leurs offres et mieux gérer leur business.
Enfin, tous les Marocains et les résidents bloqués à l’étranger pourront préparer leur retour en toute quiétude.
C’est important pour enclencher une dynamique et donner un signal positif au monde des affaires, après cette mise sous cloche du Royaume qui, de l’avis des professionnels de la santé, ne se justifie plus sur le plan sanitaire.
Rappelons qu’en Angleterre, qui a fait face à une très forte vague épidémique, pratiquement toutes les restrictions seront levées à partir du 27 janvier.
La France, avec plus de 400.000 cas quotidiens, vient de dévoiler son calendrier de levée des restrictions, permettant ainsi aux opérateurs et citoyens de prendre leurs dispositions.
L’OMS, de son côté, s’est prononcée contre l’interdiction des voyages internationaux, même si les cas de contamination Omicron continuent d’augmenter dans le monde.
Rien n’interdit alors aux autorités marocaines de suivre ce qui se passe ailleurs ! Car gouverner, c’est prévoir et non surprendre toujours, tout le temps.
F. Ouriaghli