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Abdelhak Najib publie un nouvel essai de philosophie : «La quadrature du cercle»

Abdelhak Najib publie un nouvel essai de philosophie : «La quadrature du cercle»

Après «Inhumains», «Le forgeron des eaux», «La vérité est une zone grise», «La dignité du présent», «Black-out», «Le point de bascule» et «La voix de la terre», entre autres essais de philosophie, Abdelhak Najib continue sa réflexion sur l’état du monde actuel et ses profondes mutations, avec une nouvelle œuvre, intitulée : «La quadrature du cercle», parue aux Éditions Orion.  
 

Par Docteur Imane Kendili
Psychiatre et auteure


D’emblée, l’écrivain nous donne le ton. Il est question dans ce nouvel essai de philosophie de la question de la connaissance et du savoir dans leurs relations intrinsèques avec l’évolution des sociétés, avec ce qu’on appelle le progrès, avec les avancées dans de nombreux domaines de la technologie, avec toutes les ramifications que cela suppose, avec les impératifs de changement de paradigmes que chaque époque impose au monde et aux différentes cultures qui le peuplent, avec les projections faites pour incarner des futurs probables ou improbables, avec la capacité qu’ont aujourd’hui les sociétés humaines, dans leurs profondes différences, de penser le futur à l’aune de leurs visions propres, selon leurs statuts, leur puissance, selon la place qu’elles occupent sur l’échiquier du monde. Pour l’auteur, Abdelhak Najib, «Toutes ces données sont capitales pour poser la question de la place de l’individu et de sa liberté dans un univers faussement globalisé, qui traite les personnes non pas en tant qu’entités indépendantes incarnant leurs propres volontés d’être et d’évoluer, mais en tant qu’éléments interchangeables faisant partie d’un puzzle commun que l’on assemble selon les périodes, selon les besoins et selon les multiples programmes mis en place pour atteindre des objectifs ciblés d’avance, dans une configuration qui ne laisse aux personnes aucune marge de manœuvre en dehors de celle qui les oblige de couler dans des moules et de servir une visée qui n’est presque jamais la leur, mais dont ils dépendent dans tous les compartiments de ce qui constitue leurs vies».  
 
C’est partant de ce constat de base que se profile cette réflexion philosophique sur le sens même de la connaissance et du savoir qui vient compléter ce que Abdelhak Najib avait déjà développé dans son essai «Et que crève le vieux monde».  En effet, pour le penseur, dans un monde clivé, dans un univers à plusieurs catégories humaines, selon la puissance des États dont ils sont les citoyens et selon leurs positions idéologiques, «Le chercheur, le scientifique, le penseur, le philosophe se trouve confronté à une muraille du silence quand il ne sert aucune paroisse. Avec cette différence majeure avec des temps anciens où l’indépendance de la pensée et l’innovation dans les sciences étaient les socles mobiles sur lesquels on pouvait asseoir la légitimité intellectuelle de ces savants qui ont façonné le monde et qui ont changé, par leurs idées, par leur audace, par leur obstination et par leur opiniâtreté, dans l’adversité, face aux réticences et aux incompréhensions, voire aux menaces et aux bûchers, la face du monde où ils évoluent préservant leur liberté d’être et de penser», souligne Abdelhak Najib.  
 
Comment pense-t-on alors aujourd’hui le savoir ? Comment appréhender la question de la connaissance comme composante essentielle du monde où nous évoluons aujourd’hui ? Quels types de connaissance sont admis ? Quelles sont les approches scientifiques et intellectuelles qui ont droit de cité aujourd’hui ?  Quelle est la place du savant aujourd’hui ? Y’en a-t-il de nos jours qui allient audace, liberté et humanisme ? Pourquoi certains penseurs sont-ils marginalisés et mis au ban de la société dite du savoir ? Pourquoi autant de communautarismes au niveau des idées et des idéologies de tous bords ? Comment analyser cette dictature de la pensée unique et officielle qui rejette tout ce qui n’entre pas dans le cadre préétabli par les gouvernements et les institutions ? Pour l’écrivain, la réponse est claire : «Toutes ces interrogations, et tant d’autres qui naissent de leurs sinuosités, nous préoccupent aujourd’hui dans un monde qui a changé de façon drastique tous ses paramètres. Nous sommes aujourd’hui confrontés à des blocages, à des frontières infranchissables, à des zones rouges et noires, à des zones d’ombre opaques qui font barrière devant l’intelligence dans ce qu’elle a de plus libre et de plus universel. Le chercheur qui ne court pas derrière une carrière et un poste à vie, avec des budgets à la clef, se voit fermer toutes les portes devant lui. Celui qui revendique son indépendance intellectuelle représente un véritable danger pour les institutions et pour le système de pensée qui les sous-tend. Le savant libre est une menace sérieuse pour tous les gouvernements, qui encourage tous ceux qui se plient, qui font des courbettes, qui disent oui et amen à tout, qui ne discutent jamais l’ordre établi, qui s’autocensurent eux-mêmes et qui stigmatisent leurs collègues, plus aguerris, plus réfractaires».

Car, c’est de cela qu’il est question dans ce livre : du penseur réfractaire qui dit non, qui avance selon ses principes humains, qui met en avant un code d’honneur personnel puisé à même ses valeurs inaliénables. Ces valeurs étant taxées d'anathèmes et livrées à la vindicte publique, par médias interposés. Ce qui pose également la question de la presse, quelles que soient ses canaux d’expression, dans une société dite mondialisée où l’on assiste constamment, avec force répétitions, dans un matraquage tous azimuts, à des inepties proférées par tant d’imbéciles érigés en caution morale pour des cultures qui en manquent cruellement. Un désastre intellectuel qui a des étendues universelles n’épargnant aucune région ni aucune culture, à plus forte raison celles dites avancées. C’est cette mainmise de la bêtise dans ce qu’elle de plus criard que réfute le penseur libre. Car le libre penseur est un homme qui ne craint ni le chaos, ni les obscurantismes ni les conciliabules de tous ces spectres qui ont aujourd’hui droit au chapitre nivelant toute la pensée humaine par le bas, faisant la réclame pour tout ce qui appauvrit, tout ce qui ratatine le courage de penser, tout ce qui est insipide dans un monde régi par le flou, par la brume, par le brouillard des pensées assassines. «Nous sommes là, face à la barbarie des contempteurs, à tous ces beaucoup-trop-nombreux qui entonnent dans un cirque médiatique coupable, précise l’écrivain, Abdelhak Najib. Face à toute cette supercherie faisant loi, les espaces de liberté se réduisent à leur maximum suffocant la voix de l’artiste qui ose braver les lisières, qui enjambe les barrières et qui offre au monde un beau récital sur la liberté de ne jamais se courber sauf pour aimer l’humain en nous, sauf pour l’élever, sauf pour en faire voir tout l’éclat de l’intelligence qui se veut, d’abord et avant tout autre chose, sagesse.  Aimer la sagesse contre tous les artifices de façade, contre toute la fausseté des apparences, contre tous les partis pris, c’est l’unique credo de ce voyageur solitaire qui sillonne les mondes en écoutant la musique des sphères, celle qui rythme les cœurs et fait battre les âmes».
 

Abdelhak Najib. «La quadrature du cercle». Philosophie. 140 pages. Éditions Orion. Octobre 2022. Disponible en librairies.

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