Le Maroc entre dans une séquence sportive décisive : une CAN 2025 à domicile et un Mondial 2026 où les Lions de l’Atlas affronteront, dans le Groupe C, le Brésil, l’Ecosse et Haïti.
Deux compétitions attendues avec une confiance rare, tant la sélection nationale a changé de dimension depuis son épopée au Qatar.
Il y a quelques années, lorsqu’on évoquait le Maroc dans les grandes compétitions internationales de football, on parlait d’espérance. Aujourd’hui, on parle d’autre chose : de respect. Et, pour certains, de crainte. Une bascule s’est opérée dans l’imaginaire du football mondial, presque en silence, presque sans que nous-mêmes, Marocains, mesurions pleinement l’ampleur de la transformation.
Les Lions de l’Atlas ont cessé d’être l’équipe que l’on applaudissait gentiment pour devenir celle que l’on redoute de croiser. Le discours n’est plus le même, ni dans les vestiaires, ni dans les tribunes, ni dans les déclarations officielles.
Le Maroc joue désormais dans la cour des grands, et ce n’est pas une formule. C’est un fait, validé par les entraîneurs les plus respectés, les légendes du football national, les statistiques et, surtout, par ce sentiment nouveau qui circule : une ambition décomplexée.
C’est pourquoi Walid Regragui dit sans voile ce que le monde entier voit aujourd’hui : «tout le monde respecte le Maroc. Tout le monde sait que le Royaume peut remporter la Coupe du monde».
Le tirage du Mondial 2026 a placé le Maroc dans un groupe (Brésil, Ecosse et Haïti) qui aurait effrayé beaucoup de nations. Un groupe fait d’un mélange de prestige, de combativité et d’inconnu. Et lorsqu’un certain Carlo Ancelotti, entraîneur parmi les plus titrés de l’histoire du foot, affirme que le Maroc est «l’adversaire le plus dangereux» pour le Brésil dans le Groupe C, tout est dit.
Le Brésil, oui, le Brésil, cinq fois champion du monde, l’usine à talents la plus prolifique de la planète, redoute le Maroc. Si une telle phrase avait été prononcée en 2010, elle aurait déclenché des éclats de rire dans les rédactions sportives. En 2025, elle est accueillie avec sérieux. Ce n’est pas une blague, c’est la réalité footballistique du moment.
Les anciens internationaux marocains le confirment. Mohamed Timoumi parle de «chances fortes», Khalid Raghib estime que le Maroc peut viser la tête du groupe, Hicham Aboucherouane rappelle que les Lions sont désormais un adversaire à prendre très au sérieux.
L’unanimité, dans ce pays de débats passionnés, est déjà en soi une performance.
Dans l’opinion publique marocaine, ce tirage au sort a été accueilli avec une tranquillité surprenante. Non pas par arrogance, parce qu’elle connaît trop bien la rudesse du haut niveau, mais par une forme de confiance mûrie à travers les années.
Pour autant, Regragui insiste sur le respect de tous les adversaires. Il a raison : dans ce genre de compétition, l’erreur la plus dangereuse est de sous-estimer ceux qui semblent à portée. Mais il ajoute aussi : «on va tout donner pour rendre fiers nos supporters». Et cette phrase, qui semble simple, résume parfaitement l’esprit ambitieux de cette sélection.
La CAN 2025 pour confirmer
La CAN 2025, organisée au Maroc, sera le premier test majeur pour la sélection nationale. Le pays n’organise pas ce tournoi pour faire joli. Il l’organise pour en faire une répétition générale avant le Mondial.
Jamais une génération marocaine n’a été aussi attendue sur le continent. Jamais les infrastructures n’ont été aussi prêtes. Jamais le public n’a été aussi exigeant, aussi sûr de sa force, aussi convaincu que la Coupe d’Afrique doit rester à la maison.
Longtemps, le Maroc a été ce pays au football séduisant mais irrégulier, capable de battre les géants le lundi et de trébucher contre un petit poucet le jeudi. Ce temps-là semble révolu. Depuis le Qatar, l’équipe nationale s’est dotée d’une épaisseur mentale (discipline, solidarité, endurance…) et joue pour gagner.
La CAN sera donc plus qu’un tournoi, mais un test de maturité. Une épreuve où l’équipe devra assumer son statut de favori logique. Et cette posture, dans le football, est toujours la plus difficile à tenir. Mais elle est aussi la plus valorisante.
Convenons-en, l’équipe nationale est en progression continue. Elle possède un collectif soudé, une génération de joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats, une réputation internationale enviable et même un record de 18 victoires consécutives.
Maintenant, reste à faire trembler les filets pour glaner des titres. Les titres, c’est le marqueur le plus important.
F. Ouriaghli