Après plus d’une année où la population est soumise au couvre-feu et à de multiples privations de ses libertés individuelles, de plus en plus de voix s’élèvent pour un assouplissement des mesures.
Cette demande est-elle cependant légitime ? Oui, parce que les Marocains sont fatigués, psychologiquement usés par ces nombreux mois durant lesquels ils ont mis leur existence entre parenthèses.
La situation actuelle incite-t-elle pour autant à alléger les mesures restrictives ? La réponse ne saurait être tranchée. De notre point de vue en tout cas.
Certes, la situation épidémiologique s’est indéniablement améliorée au Maroc comparée à une certaine époque, le nombre de contaminations ayant sensiblement diminué. Jeudi 23 septembre, 1.538 nouveaux cas ont été enregistrés.
Pour autant, certains indicateurs incitent encore à la prudence.
Les décès, même s’ils sont également en baisse, sont toujours élevés. Il y en a eu 36 au dernier décompte, portant leur nombre total à 14.076 depuis le début de cette pandémie.
Par ailleurs, les cas actifs sont au nombre de 18.159, tandis que les cas sévères ou critiques ont atteint 1.283, soit 81 de plus en 24 heures, dont 36 placés sous intubation et 628 sous ventilation non invasive.
Peu sûr, au regard de ces indicateurs, que les autorités se décident à lâcher du lest.
Sauf que l’enjeu n’est pas que sanitaire. Loin s’en faut. Il est aussi éminemment économique.
Rappelons-le encore une fois : à côté des faillites d’entreprises et des emplois déjà perdus, plusieurs secteurs souffrent toujours le martyr, sont sinistrés et mettront beaucoup de temps à se relever.
Convenons tout autant que prendre des décisions justes et équitables reste très difficile en ces temps de pandémie.
Privilégier l’aspect sanitaire, c’est quelque part sacrifier l’économie, avec tout ce que cela peut engendrer comme drames sociaux.
Prioriser l’économie, c’est prendre le risque que le taux d’occupation des lits Covid-19, de 24,4% actuellement, explose et que le décompte macabre s’amplifie.
Il faut donc savoir ménager la chèvre et le chou. Savoir où placer le curseur. Ce qui est loin d’être une sinécure.
D. W.