Ce n’est une surprise pour personne. Au vu de l’état de l’enseignement au Maroc, depuis plusieurs années, avec des méthodes de travail archaïques, un niveau scolaire de plus en plus bas, une formation catastrophique, le tout, sous-tendu par des crises à répétition, sans oublier les violences scolaires, l’abandon scolaire, le taux d’analphabétisme toujours inquiétant, il faut dire, sans détour, que l’école marocaine va très mal. Pis, elle a besoin d’une chirurgie dans l’urgence pour sauver les meubles d’une catastrophe annoncée qui nous pend au nez.
Car, malgré les rafistolages de circonstance, et en dépit des bricolages de surface, le dernier rapport du Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves, le fameux PISA, nous indique, avec force détails, que le Maroc n’arrive pas à trouver la formule idoine pour installer dans la durée une théorie multidimensionnelle au niveau de l’éducation nationale et de l’enseignement.
Ce rapport s’appuie sur une étude de terrain pour sonder le pouls de l’éducation nationale marocaine. Il s’agit d’une enquête réalisée sur un échantillon de 6.867 élèves, qui représentent 177 établissements d’enseignement secondaire au Maroc.
Les résultats qui sont tombés, ne souffrent aucune ombre. Le rapport du PISA précise de manière formelle une réelle détérioration des performances par rapport aux données récoltées en 2018. Ceci peut aussi découler directement de la crise que l’école marocaine a vécu durant la pandémie, avec deux années blanches, et ce cafouillage désastreux de l’école à distance. Sachant qu’une majorité d’élèves et d’étudiants marocains n’y arrivent pas tout en étant présents au sein des écoles, comment les responsables ont-ils pu penser que les cours en distanciel pouvaient être une solution ?
Quoi qu’il en soit, il y a certes une part de cette détérioration due à la crise du Covid-19, mais il ne faut en aucune façon se voiler la face. L’école marocaine souffre depuis plusieurs génération de nombreuses pathologies qui, avec le temps qui passe, sont devenues incurables.
Ce sont ces pathologies caractérisées qui font que les trois domaines importants évalués par le PISA ont montré des failles gigantesques. Il y a d’abord les résultats en mathématiques, pourtant une matière où les Marocains sont d’habitude forts, qui révèlent une régression très inquiétante, puisque 70% des élèves marocains sont en dessous du seuil critique fixé par l’OCDE. Ce qui fait qu’au niveau mondial, le Maroc se classe à la 71ème position parmi les 81 pays participants. Ensuite, il y a les matières scientifiques qui accusent également de grosses lacunes, plaçant le Maroc à la 76ème place. Enfin, concernant la compréhension de textes écrits, le rapport fait état d’une chute de 20 points par rapport à l’étude de 2018. Ce qui montre à quel point les élèves marocains, dans leur majorité, sont aujourd’hui incapables de restituer correctement leurs cours, de montrer qu’ils ont bien compris et qu’ils savent de quoi ils parlent.
Face à ces données, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement primaire et des Sports affirme que ces résultats confirment les conclusions des évaluations nationales et internationales. Un aveu de profonde crise qui semble installée dans la durée. Et qu’il faut un miracle pour sauver ce qui peut encore l’être pour une école marocaine qui agonise sérieusement, et qui n’en peut plus de vivoter sous perfusion.
Par Abdelhak Najib