Par D. William
Difficile pour nos gouvernants de prendre des décisions. En ces temps de pandémie, la décision d’aujourd’hui et les motivations qui la sous-tendent, peuvent très vite devenir obsolètes le lendemain et être remplacées par d’autres jugées contradictoires.
Nous disions dans notre précédente édition que le gouvernement marocain est dans l’embarras : il est confronté à la nécessité de garantir le succès de l’opération Marhaba 2021, tout en maîtrisant une situation sanitaire qui se détériore de jour en jour. Actuellement, l’on se rend bien compte qu’il est bien difficile de jouer sur les deux tableaux.
Circonscrire la circulation du coronavirus revient à mettre en place des mesures restrictives; et réussir Marhaba équivaut à oxygéner un peu l’économie en assouplissant les conditions de déplacement des citoyens dans les différentes villes du Royaume et en facilitant l’accès au territoire national.
Or, le gouvernement vient d’inclure dans la liste B des pays à risque élevé la France, l’Espagne et le Portugal , des pays où le variant Delta, très contagieux, a détérioré la courbe épidémiologique.
Il est devenu majoritaire en France, représente 75% des mutations au Portugal et 1/3 en Espagne. Cette décision a créé un sacré foutoir, alors que tout un dispositif incitatif a été mis en place pour justement permettre aux Marocains résidant à l’étranger (MRE), dont une très forte communauté est établie notamment en Espagne et en France, de pouvoir regagner la mère patrie.
D’ailleurs, les réservations à Royal Air Maroc ont explosé dès que le Roi a donné, mi-juin, ses instructions aux acteurs du transport pour faciliter le retour des MRE au pays à des prix abordables.
Pour sauver la mise, les autorités ont été très vite contraintes d’ajuster le tir, en abandonnant la quarantaine contrôlée de 10 jours à la charge des Marocains non ou incomplètement vaccinés en provenance des pays de la liste B au profit d’un autoisolement à domicile pendant 5 jours, avec test de dépistage (antigénique rapide ou PCR) au 5ème jour.
Décision pertinente ? Certainement, si tant est qu’elle s’inscrit dans la volonté de ne pas foirer l’opération Marhaba. Mais l’on doute légitimement de son efficacité sur le plan sanitaire. Comment s’assurer en effet que l’auto-isolement va être respecté ? Va-t-on mettre un agent de sécurité devant chaque appartement ou immeuble où est logé un MRE non vacciné provenant d’un pays de la liste B ? Ou doit-on simplement compter sur le sens de la responsabilité des MRE ?
Une chose est sûre : entre la reprise des vols internationaux, l’allègement des restrictions et le relâchement des citoyens, tous les ingrédients sont réunis pour que la situation sanitaire se dégrade davantage. Surtout avec la présence du variant Delta sur le territoire national.