En dépit de la levée de la plupart des restrictions liées à la pandémie, l’apparition de nouveaux variants vient à chaque fois nous rappeler qu’il faudra vivre avec le virus pendant plus longtemps. Le variant Deltacron en est un.
En France, au Danemark, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, quelques dizaines de patients ont contracté une forme assez particulière du Covid-19. Il s’agit de Deltacron, le variant hybride qui fusionne les informations génétiques de Delta et d’Omicron.
Près de trois mois après son apparition en Europe, le variant Deltacron, de son nom scientifique XD, a finalement été reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Bien que son niveau de dangerosité n’ait pas encore été annoncé, ce variant suscite de nouvelles inquiétudes.
En effet, Deltacron est plus qu’un simple variant, il s’agit d’un variant dit recombinant. «Le variant Deltacron est issu d’une recombinaison entre les variants Omicron et Delta. Cela se produit chez les personnes ayant attrapé deux souches différentes, notamment celles ayant une immunité affaiblie. La recombinaison se produit suite à une multiplication intense des deux souches en même temps», explique Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en systèmes et politiques de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé.
Soulignant que la recombinaison, autrement appelée hybridation, est un phénomène très récurrent dans l’univers virologique, Hamdi précise que cette catégorie de variant est souvent difficile à détecter. «Quoique la recombinaison soit prévisible, elle est difficilement identifiable, étant donné que les variants hybrides sont presque similaires aux versions originales. Il ne faut pourtant pas confondre recombinaison et mutation. Lors d’une mutation, le variant perd une partie de son génome alors que pour l’hybridation, deux variants différents qui se recombinent et échangent leur matériel génétique.»
Les variants Delta et Omicron ont provoqué un tsunami d’infections dans toutes les régions du monde. Cela laisse transparaitre pas mal d’interrogations, notamment quant à la dangerosité du Deltacron, issu de ces deux variants.
«Certes, les variants Delta et Omicron ont envolé les contaminations, en revanche, cela ne préjuge en rien de la virulence ou l’échappement immunitaire de Deltacron. Avoir les deux variants à la fois ne veut pas forcément dire un cumul de gravité ou de transmissibilité. Deltacron aura ses propres caractéristiques et jusqu’à présent, ce dernier se propage à une vitesse très ralentie», assure Hamdi.
A ce jour, aucun cas de Deltacron n’a été enregistré au Maroc. Malgré la réouverture des frontières, le vice-président de la Fédération nationale de la santé estime que la propagation de ce variant hybride en Europe ne présente rien d’inquiétant pour le Royaume. «A ce stade, Deltacron n’est pas inquiétant. La réouverture des frontières ne changera pas grand-chose. Le Maroc peut continuer à alléger ses restrictions. Par ailleurs, le virus est toujours là de manière endémique, il est donc nécessaire de compléter son schéma vaccinal le plus vite possible.»
M. Ait Ouaanna