Etant l’un des secteurs les plus affectés par le changement climatique, le secteur des assurances est à pied d’œuvre à la veille de la COP22 qui se tiendra à Marrakech. Investir dans des projets climatiquement vertueux nécessite un assouplissement de la réglementation du secteur des assurances. Une feuille de route élaborée par l’ensemble des régulateurs (BAM, AMMC, ACAPS) sera exposée à la COP22.
Labélisée COP22, la conférence, sous le thème : «changements climatiques : défis et enjeux pour l’industrie de l’assurance», organisée hier par la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR), se veut un moment fort pour les opérateurs du secteur avides de débattre des challenges à relever. La rencontre a été rehaussée par la présence de Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, Khalid Safir, wali de Casablanca, Nizar Baraka, président du CESE et du Comité scientifique de la COP22, Hassan Boubrik, président de l’ACAPS, des présidents des Fédérations des assurances française et africaine et d’autres personnalités éminentes.
La thématique débattue en long et en large, que ce soit par les assureurs ou par les experts en environnement, dénote qu’avec le dérèglement climatique, de nouveaux risques, qui pourraient s’avérer difficilement maîtrisables, se profilent à l’horizon. Comme l’a si bien expliqué Mohamed Hassan Bensalah, président de la FMSAR, «notre industrie est certainement la plus concernée et la plus impactée par le réchauffement climatique et l’ensemble des risques catastrophiques. Elle se doit d’apporter des solutions en mesure d’atténuer l’impact des phénomènes de forte intensité, mais qui surviennent avec une très grande incertitude».
A nouveaux enjeux, nouveaux mécanismes
Pour Hassan Boubrik, président de l’ACAPS, l’impact des changements climatiques sur le secteur des assurances s’appréhende à travers trois axes : comment tarifer ces nouveaux risques, comment les prévenir et, surtout, quels capitaux mettre en place. Il considère qu’un réchauffement de 3°c ou 4°c rendrait les risques inassurables.
Hassan Boubrik appelle les compagnies d’assurances à financer des projets tout en incluant le coût lié au respect de l’environnement. C’est dire que l’allocation des actifs des compagnies d’assurances devrait désormais prendre en compte la variable écologique. Mais pour investir dans un secteur tel que celui des énergies renouvelables, le régulateur est conscient qu’un assouplissement graduel de la réglementation s’impose. H. Boubrik rappelle, par ailleurs, qu’une feuille de route, dont les axes seront exposés à la COP22, a été élaborée par l’ensemble des régulateurs (BAM, AMMC, ACAPS). Dans le volet assurantiel, il est question de prévention et de financement des énergies renouvelables.
Dans la foulée, il a été rappelé que l’engagement du secteur des assurances pour offrir des couvertures aux populations les plus exposées aux risques climatiques ne date pas d’aujourd’hui. Allusion faite à l’assurance agricole en place depuis 2011, dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le ministère de l’Agriculture et la Mutuelle d’assurances, MAMDA. Une couverture rappelée également par Aziz Akhannouch dans son allocution où il a mis l’accent sur l’initiative de la ceinture bleue élaborée par son département. D’après le ministre, la 22ème Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques devra être une COP de l’agriculture, eu égard à son rôle dans la sécurité alimentaire et l’adaptation aux changements climatiques. La production de l’agriculture devra augmenter de 4% par an jusqu’à 2050, année de doublement de la population africaine (2,5 milliards d’habitants). Pour y parvenir, il faut des investissements et, par ricochet, des financements.
Dans le même sillage, son département et ses partenaires porteront trois initiatives complémentaires à la COP22, à savoir «Triple A», «Oasis durables», et «La Ceinture bleue». A. Akhannouch a noté, par ailleurs, que la COP22 sera une occasion pour partager son expérience et son savoir-faire dans le domaine de l’agriculture avec les pays africains, en jetant la lumière sur le Plan Maroc Vert (PMV).
Une chose est sûre : le secteur des assurances n’a pas attendu la COP22 pour développer des couvertures en mesure de permettre aux agents économiques d’améliorer leur résilience face à des évènements d’envergure. Aussi, son rôle dans le financement climatique revêt une grande importance. Créer un écosystème avec l’ensemble de la chaîne que constitue le secteur financier, a été un élément important pour déployer la feuille de route qui sera exposée bientôt à Marrakech.
Loi sur les catastrophes naturelles : En attendant les textes d’application !
La loi sur les catastrophes naturelles vient d’être adoptée par le pouvoir législatif. Elle attend uniquement la mise en place des textes d’application pour permettre aux personnes morales et physiques de souscrire à cette nouvelle assurance obligatoire, qui comprendra la couverture des inondations, risque climatique par excellence, auquel notre pays n’échappe pas, malgré une pluviométrie de plus en plus capricieuse.
S. Es-siari