Sur le coup, j’étais convaincu d’avoir fait ce qu’il fallait.
Tout est parti en fait d’une conversation qu’il avait engagée alors que je m’en grillais une.
Dans un mélange de curiosité et de grande ignorance, il me bombardait de questions à propos du Sénégal.
J’essayais alors de lui donner un maximum de précisions et d’explications.
Sauf qu’au détour d’une réponse, il m’a traité de «menteur».
J’étais à la fois choqué et en colère, et je n’ai pu retenir ma main.
Chez nous, c’est quelque chose de foncièrement irrespectueux, sauf si cela émane de quelqu’un de vraiment proche, et sur le ton de la plaisanterie.
Alors quand c’est un inconnu qui vous dit ça…
Ce n’est que plus tard, après moult explications, que j’ai compris que ce mot n’avait pas forcément le même sens ici, et qu’il fallait prendre cela avec plus de légèreté.
Ma colère apaisée, j’étais peu fier de ce que j’avais fait. J’ai dû alors m’excuser.
Et mon ami m’a dit une chose très importante : «au Maroc, on ne frappe jamais le premier. Si la police arrive, c’est la première question qu’elle pose. Et tu es fautif si c’est toi qui a entamé les hostilités, quelle que soit l’offense que tu as subie».
Je me suis alors souvenu de ce que m’avait dit le taximan : «Maroc-Sénégal kif kif». Je commençais à en douter fortement.
Car si ces deux pays sont unis par des liens séculaires dont les racines se prolongent loin dans le temps, et ont en partage des populations très majoritairement musulmanes, il n’en reste pas moins vrai que les manières de vivre, la perception des choses et les mentalités sont foncièrement différentes.
(A suivre)
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D. W.
