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Emigration irrégulière : Vagues assassines

Emigration irrégulière : Vagues assassines

Je vais partager avec vous quelques chiffres.

• Maroc : Au total, 45.015 tentatives d’émigration irrégulière, impliquant différentes nationalités, ont été avortées depuis le début de l'année 2024, selon le ministère de l'Intérieur.

De même, les services de sécurité ont démantelé 177 réseaux criminels s’activant dans le trafic de migrants, alors que 10.589 migrants ont été secourus en mer. 

• Sénégal  : Vendredi 6 septembre, 276 migrants ont été interceptés au large de Mbour et à l’embouchure du fleuve Sénégal. Toujours au large de Mbour, une pirogue transportant des migrants a chaviré dimanche dernier.

Au moins 26 personnes ont péri noyées. Selon plusieurs témoignages, l’embarcation transportait pas moins de 200 candidats à l’émigration, dont des femmes et des mineurs. Lundi 9 septembre au soir, la Marine sénégalaise a annoncé avoir intercepté deux embarcations transportant 421 migrants clandestins.

• Entre janvier et mai 2024, plus de 5.500 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne par la périlleuse traversée de la mer Méditerranée, souligne un rapport de l’ONG espagnole Caminando Fronteras.

Ces embarcations de fortune sillonnent les eaux tumultueuses de la Méditerranée et de l’Atlantique, portant les aspirations de tous ceux qui ne voient aucun avenir dans leur pays d'origine et qui sont poussés par une force invisible faite de désespoir… et d'espoir.

Le récit de la migration est aussi vieux que l'humanité elle-même, mais chaque histoire a un visage unique et reste le témoin silencieux de tragédies personnelles et collectives qui se jouent aux frontières de l’Europe et de l’Afrique.

Au Maroc, au Sénégal, en Tunisie, en Algérie… comme dans de nombreuses parties de l'Afrique, l'exode vers l'Europe est devenu un phénomène régulier qui tend à s’inscrire dans une certaine normalité. Une normalité déconcertante que l'on commence presque à accepter avec une résignation morbide.

Car ce qui pousse une personne à tout abandonner n'est pas un caprice. Ce qui pousse ces désespérés à croire que la mer impitoyable est plus clémente que la terre qu'ils laissent derrière, est un pari sur la vie elle-même.

De fait, ici et là, les arguties pour légitimer le fait de mettre sa vie en péril sont multiples et complexes. Certains fuient la disette économique, où la monnaie du travail acharné rapporte des dividendes trop maigres pour subvenir aux besoins de la famille.

D'autres veulent s’extirper des troubles politiques, où les voix dissidentes sont étouffées par la main lourde de la gouvernance autoritaire. Les bateaux continuent ainsi de partir, chaque voyage symbolisant néanmoins une critique silencieuse de l'approche de l’Occident face à la soi-disant «crise migratoire».

Car, là-bas, de l’autre côté des frontières, la réponse de la communauté internationale est souvent aussi prévisible que les marées : cris d'indignation, promesses diplomatiques et empathie cosmétique.

L'ironie est frappante; les rivages des nations riches ne sont pas bordés de bras accueillants, mais de fils barbelés et de politiques qui disent «restez dehors», même si leurs économies murmurent discrètement «nous avons besoin de vous». Mais revenons aux rivages locaux.

En Afrique. Ici se trouvent des familles déchirées entre retenir leurs fils et filles et les laisser partir à la poursuite d'un mirage de prospérité à travers des eaux périlleuses.

Sachant que chaque migration réussie est un soulagement, mais chaque disparition ou mort dans les eaux profondes est une tragédie qui laisse des plaies profondes dans le tissu communautaire. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Dans un monde idéal, la migration ne serait pas le voyage risqué qu'elle est devenue actuellement. Elle serait un choix éclairé et non une fuite désespérée.

Les récits d’aujourd’hui sur la migration seraient alors teintés non pas de désespoir, mais de curiosité et d'aspiration. Mais ce monde reste, malheureusement, un idéal lointain.

En attendant, les eaux de la Méditerranée et de l’Atlantique continueront de porter ces embarcations fragiles, chacune chargée de vies humaines qui aspirent à un demain meilleur. Un demain que, peut-être, elles ne verront jamais. 

 

Par D. William

 

 

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