Plus de 2.400 personnes, dont plus de 1.400 placées en détention, font l'objet de poursuites au Maroc à la suite de manifestations pour exiger de meilleurs services publics d'éducation et de santé, a indiqué mardi le parquet.
Un collectif de jeunes, GenZ 212, avait organisé à partir de fin septembre des rassemblements pacifiques à travers le pays pour réclamer des réformes dans les secteurs de la santé et de l'éducation, la "fin de la corruption" et le limogeage du gouvernement.
En marge du mouvement, deux soirées avaient été marquées par des actes de vandalisme et des heurts ayant fait trois morts.
Lors des premiers jours où les manifestations étaient interdites, la police avait procédé à des centaines d'interpellations.
Sur les 2.480 accusés, plus de 20% sont poursuivis pour "rébellion en réunion", plus de 17% pour "outrage et violence envers des forces de l'ordre" et plus de 17% pour "incitation à commettre des crimes et participation à des rassemblements armés", a détaillé mardi Hassan Farhan, juge détaché auprès de la présidence du ministère public, lors d'une conférence de presse à Rabat.
Au 27 octobre, des tribunaux marocains avaient condamné 411 personnes, dont 76 mineurs, à des peines de prison ferme ou avec sursis, selon les chiffres du parquet.
Parmi elles, 61 ont été condamnées en première instance à des peines allant d'un à quinze ans de prison ferme, notamment pour "dégradation et pillage de biens" ou "incendie".
Vendredi, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a appelé à garantir à l'ensemble des personnes poursuivies des procès équitables, dénonçant notamment "la rédaction de procès-verbaux (PV) sous la contrainte".
Farhan a affirmé mardi que "toutes les conditions d'un procès équitable" avaient été respectées "dès l'arrestation" des accusés et que leurs PV avaient été établis conformément à la loi.
Quasi quotidiens pendant deux semaines, les rassemblements du collectif se sont raréfiés, mobilisant de moins en moins de jeunes, notamment après un discours du roi le 10 octobre qui a exigé une accélération des réformes sociales et l'annonce par le gouvernement d'un "effort budgétaire" pour 2026 de 13 milliards d'euros pour la santé et de l'éducation.