La deuxième journée de la Rentrée littéraire 2025-2026 du samedi 1er novembre a permis de mettre en lumière le rôle de la lecture dans l’éveil intellectuel et la formation citoyenne des jeunes, à l’occasion d’une table ronde sur le thème “La lecture à l’école”. Et si, depuis le début, la lecture était l’une des solutions pour former les futurs citoyens marocains ?
Les intervenants présents lors de la table ronde ont souligné le rôle de la lecture comme un levier essentiel de créativité et d’ouverture, permettant aux jeunes de développer leur esprit critique et de nourrir leur imaginaire dans un monde en constante évolution. Des qualités d’autant plus importantes qu’elles participent à former des citoyens éclairés et responsables.
La question de la lecture comme fondement de la formation citoyenne n’est pas une problématique nouvelle. Six ans auparavant, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) établissait un constat poignant sur la nécessité de promouvoir la lecture auprès de la jeunesse marocaine. Selon l’avis du Conseil, celle-ci joue un rôle déterminant pour la formation des jeunes citoyens, car elle les prépare à débattre publiquement, à se forger une opinion propre, à exercer un jugement face à l’information et à s’impliquer pleinement dans la vie politique. Une jeunesse qui lit est alors une jeunesse capable de discernement, ouverte au dialogue et consciente de ses droits et devoirs.
Cependant, la situation actuelle de la lecture au Maroc est alarmante. Le CESE constate un déclin inquiétant, en particulier chez les jeunes. Selon les derniers chiffres disponibles sur le sujet, plus de 60 % des Marocains n’ont pas acheté un seul livre dans l’année. Cette faiblesse s’explique par un environnement familial peu propice à la lecture, par un manque de politiques éducatives en faveur de la culture du livre et par la domination des loisirs numériques rapides. Cette situation handicape l’éveil intellectuel et l’accès à la culture, limitant la possibilité pour les jeunes d’exercer leur esprit critique et civique.
Face à ce déclin, plusieurs initiatives publiques et associatives ont été mises en place pour redonner le goût de la lecture. Des associations et collectifs citoyens multiplient les actions de proximité en milieu urbain et rural. Des événements tels que le Salon international du livre (SIEL) contribuent à la valorisation du livre et des auteurs nationaux. Bien que ces efforts soient prometteurs, le CESE souligne pourtant leur manque de coordination et la nécessité de les inscrire dans une stratégie nationale globale.
De plus, la révolution numérique actuelle a transformé nos habitudes de lecture en offrant un accès plus large et rapide aux savoirs grâce au développement des bibliothèques, des livres et des plateformes numériques. Le CESE note cependant que la lecture numérique ne peut en aucun cas remplacer la profondeur et la concentration que favorise la lecture traditionnelle. L’idéal est de trouver un équilibre entre les deux types de lecture pour bénéficier en même temps d’un accès facilité aux informations.
Lire n’est plus un simple loisir pour s’occuper pendant ses heures perdues, mais une nécessité pour la formation intellectuelle et citoyenne des jeunes. Dans un Maroc désireux de progrès et de cohésion sociale, la lecture s’impose ainsi comme un instrument de transformation durable et garante d’une société éclairée, cultivée et citoyenne.
Mehdi Alami Marrouni (Stagiaire)