Les réseaux sociaux, longtemps considérés comme des zones franches où l’on pouvait impunément déverser sa bile, sont désormais dans le collimateur de la justice au Maroc.
Fini le Far West numérique. Menaces de mort, diffamation, insultes à caractère discriminatoire… : la liste des dérives est longue, et les autorités ont décidé de taper du poing sur la table.
La toute récente affaire de l’étudiant condamné à sept ans de prison pour avoir menacé de «décapitation» l’activiste amazigh Ahmed Assid est un signal fort. Sept ans ! Une peine lourde qui illustre la détermination des tribunaux à ne plus tolérer les appels à la violence, même virtuelle.
Ce commentaire haineux, posté sous forme de vidéo, a conduit à une arrestation, un procès et une condamnation sans appel. Un avertissement clair pour ceux qui pensent que l’anonymat du web les protège.
D'ailleurs, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a lui-même sonné la charge. Devant les députés, il a dénoncé le mois dernier avec virulence les agissements de certains
«influenceurs» qui, derrière un écran, se permettent toutes les outrances.
Des individus qui, selon ses termes, «déforment les faits et commettent des crimes afin de gagner de l’argent». Le message est clair : l’impunité est terminée. Le ministre a même appelé les victimes à porter plainte, les assurant du soutien de la justice.
Cette fermeté se traduit aussi par une vague d’arrestations et de condamnations qui secoue la sphère des influenceurs marocains. Ilyas El Malki, pour des propos jugés injurieux envers la communauté amazighe, Reda Bouzidi, alias «Ould Chinwiya», pour insultes et atteinte à la vie privée, ou encore Houyam Star, pour diffamation et autres accusations…
Ces affaires, largement médiatisées, ne sont pas là pour faire le buzz, mais pour dissuader. Elles montrent que la justice est prête à sévir, y compris contre des personnalités suivies par des milliers, voire des millions d’abonnés.
Alors, faut-il y voir une atteinte à la liberté d’expression ? Non. Il s’agit plutôt d’une tentative de remettre de l’ordre dans un espace qui en manquait cruellement.
La liberté d’expression est un droit fondamental, mais elle ne saurait justifier les menaces, les insultes et la diffamation. Comme le dit l’adage, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Et sur les réseaux sociaux, cette limite a été trop souvent franchie.
Le Maroc n'est pas le seul concerné par ce phénomène.
Partout dans le monde, les autorités cherchent à réguler les plateformes numériques pour lutter contre la haine en ligne et la désinformation.
Le défi est de taille : il faut trouver un équilibre entre la protection des libertés individuelles et la nécessité de préserver l’ordre public.
Au Maroc, il semble que le temps de l’impunité sur les réseaux sociaux est bel et bien révolu. Et ça, c'est une information à retenir.