C’est un discours poignant sur la migration qu’a délivré, lundi 22 janvier, le Roi Mohammed VI, à l’adresse des participants au 30ème sommet de l’Union africaine (UA). Un discours qui démonte les préjugés et autres (fausses) idées que l’on tente d’ancrer dans la conscience collective. Et c’est à travers seulement trois phrases que le Souverain a déconstruit les mythes associés à la migration :
• «Il n’y a pas de déferlante migratoire, puisque les migrants ne représentent que 3,4% de la population mondiale.
• La migration africaine est d’abord intra-africaine. Sur le plan mondial, la migration représente moins de 14% de la population. A l’échelle africaine, 4 migrants africains sur 5 restent dans le continent.
• La migration n’appauvrit pas les pays d’accueil, puisque 85% des revenus des migrants restent dans ces pays».
Qu’en déduire ? Simplement que les phénomènes migratoires ne sont pas «un fléau» comme tentent de le faire croire certains, mais plutôt une richesse dont nombre de pays devraient se réjouir.
Comprendre cela, c’est également comprendre le sens de la politique migratoire initiée depuis plusieurs années par le Royaume, et saluée à l’échelle internationale. Et ce, à un moment où certains pays (ils se reconnaîtront) font honteusement la chasse aux migrants et les briment, bafouant de façon ignoble les droits humains les plus élémentaires.
Raison pour laquelle, aujourd’hui, le Roi propose de cerner la migration à travers «une nouvelle approche afro-centrée conciliant le réalisme, la tolérance et la primauté de la raison sur les peurs».
C’est sous ce prisme qu’il faut donc appréhender l’«Agenda africain pour la migration» soumis par le Souverain à l’Union africaine. Fruit d’une démarche concertée, cet Agenda propose «sur la gestion migratoire, une démarche fondée sur des politiques nationales, une coordination sous-régionale, une perspective continentale et un partenariat international».
Il s’agira, ainsi, de créer un Observatoire africain de la migration et un poste d’envoyé spécial de l’UA chargé de la Migration pour coordonner les politiques de l’Union dans ce domaine.
Car, en définitive, c’est à travers une stratégie globale coordonnée et cohérente que l’Afrique évitera à ses enfants d’être les victimes oubliées de la Méditerranée, où plus de 6.200 migrants africains ont perdu la vie depuis 2015.
Et comme l’a dit le Roi, «il est de notre devoir d’agir» ! ■
D. W.