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Prévention du suicide : L’association Sourire de Reda plaide pour la création d’un Observatoire national

Prévention du suicide : L’association Sourire de Reda plaide pour la création d’un Observatoire national

Les comportements suicidaires sont de plus en plus courants au Maroc. Au niveau populationnel, une étude réalisée dans la région métropolitaine de Casablanca indique que 2,1% des personnes âgées de 15 ans et plus, ont rapporté avoir fait une tentative de suicide au cours de leur vie. 

Activement engagée, depuis des années, dans la lutte contre le suicide chez les jeunes au Maroc, l’association Sourire de Reda a lancé, mardi 31 janvier 2023 à Casablanca, à l’occasion de la Journée nationale dédiée à la prévention du suicide des jeunes, sa campagne annuelle, à travers l’organisation d’une conférence sous le thème : «Prévention du suicide : tous mobilisés». 

Intervenant à cette occasion, Omar Bouram, spécialiste en santé publique au sein du service de la santé mentale, relevant du ministère de la Santé, a tout d’abord rappelé les chiffres relatifs à ce phénomène de société, notant que le suicide est un grave problème mondial de santé publique. «Chaque année, près de 800.000 personnes se suicident à travers le monde. Selon l’OMS, le taux de suicide mondial a atteint en 2019, 9,0% pour 100.000 habitants. C’est l’une des principales causes de décès dans le monde, avec plus de décès qu’avec la guerre et les homicides. La réduction de la mortalité par suicide a été priorisée par l’OMS en tant que cible mondiale et incluse en tant qu’indicateur dans les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies sous la cible 3.4, ainsi que dans le 13ème programme général de travail de l’OMS 2019-2023 et dans le Plan d’action de l’OMS pour la santé mentale 2013-2030». 

Par ailleurs, Dr. Omar Bouram a rappelé les principaux axes de la Stratégie nationale de prévention du suicide, notamment la sensibilisation et la compréhension, le renforcement de la prévention des populations vulnérables, l’intervention et la post-vention, la réduction de l’accès aux moyens du suicide, l’engagement des médias et la mobilisation du système de santé. 

De son côté, Mohamed Agoub, professeur de psychiatrie, chef de service de psychiatrie au CHU Ibn Rochd, centre collaborateur OMS en santé mentale et président de la Ligue pour la santé mentale, a affirmé que «les personnes qui évoquent le suicide, lancent peut-être un appel à l’aide. Bon nombre de ceux qui pensent au suicide sont anxieux, déprimés, désespérés et ont l’impression de ne pas avoir d’autre choix».

Et de poursuivre : «La majorité des suicides sont précédés de signes annonciateurs, oraux ou comportementaux. Il existe évidemment des cas soudains mais il est important de comprendre les signaux d’alarme et de savoir les repérer. Par ailleurs, en raison de la stigmatisation très répandue associée au suicide, la plupart des personnes qui envisagent de se suicider, ne savent pas vers qui se tourner. Aborder ouvertement le sujet n’incite pas à se suicider. Au contraire, cela ouvre d’autres possibilités à la personne concernée, ou lui laisse le temps de revenir sur sa décision, ce qui peut éviter un suicide», explique le spécialiste. 

Pour sa part, Meryeme Bouzidi Laraki, présidente et fondatrice de Sourire de Reda, s’est félicitée de cette prise en compte au plus haut niveau institutionnel : «Lorsque nous avons commencé à nous mobiliser sur la problématique de la souffrance des jeunes et de la prévention du risque suicidaire, nous étions seuls. Aujourd’hui, que de chemin parcouru ! Il y a aujourd’hui une véritable prise de conscience de la société et des pouvoirs publics en particulier. La mise en place d’une Stratégie nationale pour répondre à ce que l’OMS qualifie d’état d’urgence mondial, est une étape majeure de ce combat qui doit être l’affaire de tous», précise-t-elle. 

Dans ce sens, l’association Sourire de Reda appelle à la création d’un Observatoire national de prévention du suicide, chargé d’harmoniser la collecte de donnés sur le suicide et les tentatives suicidaires au Maroc et de les consolider dans le temps. Selon les meilleures pratiques internationales, cet organisme serait le garant de la fiabilité, la validité et la disponibilité publique des données à l’échelle du pays, permettant de définir des plans d’action ciblés et de mesurer l’efficacité des actions menées à l’échelle nationale.

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