* Susan Sarandon
Il ne fait pas bon être pro-palestinien à Hollywood de nos jours. Il suffit de laisser son cœur réagir pour se voir interdire tous les studios et aller pointer au chômage.
Par Abdelhak Najib, écrivain-journaliste
C’est le cas de plusieurs vedettes, entre acteurs, actrices, réalisateurs, scénaristes, producteurs… qui ont payé cher leur soutien à la Palestine suite au massacre qui y est perpétré par l’armée israélienne.
C’est dans ce sens que United Talent Agency (UTA) a viré l’actrice américaine engagée, Susan Sarandon, pour ses propos lors d'un rassemblement pro-palestinien à New York.
Le porte-parole de l'UTA, cité par plusieurs médias américains, a confirmé que Sarandon avait été écartée, sans fournir de détails concernant cette décision qui a eu l’effet d’une bombe dans les milieux du cinéma, surtout que la victime de cette censure est une dame très respectée pour ses prises de positions humanistes.
L'actrice, qui a déjà été oscarisée, a déclaré lors d'un rassemblement tenu le 17 novembre à New York : "Il y a beaucoup de gens qui ont peur d'être juifs en ce moment et qui ont un avant-goût de ce que cela signifie d’être musulman dans ce pays".
D’ailleurs, Susan Sarandon faisait partie des figures hollywoodiennes, au même titre que Joaquin Phoenix et Cate Blanchett, qui ont demandé au président américain Joe Biden de peser de tout le poids des USA pour imposer un cessez-le-feu dans la guerre menée par Israël contre le Hamas.
Durant le rassemblement, Sarandon a également déclaré que critiquer Israël ne devait pas être considéré comme antisémite.
"Il s’est produit une chose terrible où l’antisémitisme a été confondu avec le fait de critiquer Israël", avant d’ajouter : "Je suis contre l'antisémitisme. Je suis contre l’islamophobie".
Un autre visage de Hollywood a fait les frais de cette chasse aux sorcières.
Melissa Barrera a aussi subi le même sort, étant renvoyée du casting du prochain thriller, Scream VII, pour des déclarations pro-palestiniennes partagées sur les réseaux sociaux.
Melissa Barrera, âgée de 33 ans, a été virée par la compagnie de production Spyglass à cause de ses publications sur les réseaux sociaux, notamment en faisant référence à la Palestine comme à une terre "colonisée".
La jeune actrice a aussi déclaré qu’Israël contrôlait les médias : «Moi aussi, je viens d'un pays colonisé. La Palestine sera libre", a-t-elle écrit dans une publication sur Instagram. Très vite, une tornade de commentaires s’est abattue sur l’actrice désignant son post comme "antisémite".
"Les médias occidentaux ne montrent que l'autre côté (israélien). Pourquoi font-ils cela, je vous laisse le déduire par vous-même… La censure est bien réelle. Les Palestiniens le savent, ils savent que le monde essaie de les rendre invisibles depuis des décennies. Continuez à partager", a ajouté l’actrice.
La firme Spyglass a publié dans la foulée du licenciement de la star un communiqué : «Nous avons une tolérance zéro pour l'antisémitisme ou l'incitation à la haine sous quelque forme que ce soit, y compris les fausses références au génocide, au nettoyage ethnique, à la distorsion de l'Holocauste ou à tout ce qui franchit de manière flagrante les limites du discours de haine", peut-on lire dans le communiqué de la compagnie de production.
Sur un autre plan, Maha Dakhil, l'une des responsables de talents de la Creative Artists Agency (CAA), qui représente notamment Tom Cruise et Nathalie Portman, a également été inquiétée pour des publications pro-palestiniennes sur les réseaux sociaux, qui l'ont obligée à transformer son Instagram en un compte privé.
"Qu'y a-t-il de plus déchirant que d'assister à un génocide ? Être témoin du déni du génocide", a-t-elle écrit.
Face à cette cabale, plusieurs journalistes ont dénoncé d’autres licenciements passés inaperçus parce que les concernés ont été sommés de ne pas en parler aux médias sous peine de poursuites judiciaires. C’est dire qu’aujourd’hui, c’est une chape de plomb qui plane sur Hollywood, parce que toutes les déclarations de soutien envers le peuple palestinien deviennent de facto des motifs de renvoi.
Une situation extrême qui a provoqué une réelle panique de s’exprimer à Hollywood. Cela rappelle les sombres heures du cinéma américain sous le Maccarthysme, et la peur du communisme sous J. Edgar Hoover.
Des listes noires avaient alors été mises en place et des centaines de personnes avaient fini sous les verrous quand d’autres avaient choisi l’exil.