Alors que la guerre fait rage en Ukraine, avec chaque jour son lot de morts civils et de crises économiques de plus en plus menaçantes, la Russie continue son bras de fer avec l’Occident et le reste du monde comme dommages collatéraux, en imposant sa vision pour la continuité des exportations des céréales ukrainiennes.
Abdelhak Najib
Le 13 mars 2023, Moscou affirme accepter le renouvellement de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui doit expirer le 18 mars 2023. Un oui sous condition puisque Vladimir Poutine revoit à la baisse la durée de ce renouvellement : 60 jours au lieu de 120 comme cela a été le cas jusqu’à présent. Cette annonce émane de la part du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Verchinine, qui s’est entretenu à Genève avec le chargé des Affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, et la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Rebeca Grynspan.
Pour le responsable russe, les choses sont claires : «La partie russe ne s’oppose pas à une nouvelle prolongation de l’«Initiative de la mer Noire» après l’expiration de son deuxième mandat le 18 mars, mais seulement pour 60 jours». Et d’ajouter pour marquer le coup : «Notre position future sera déterminée par les progrès tangibles dans la normalisation de nos exportations agricoles, non pas en paroles, mais en actes. Cela comprend les paiements bancaires, la logistique du transport, l’assurance, le dégel des activités financières et l’approvisionnement en ammoniac via l’oléoduc Togliatti-Odessa».
Cela a le mérite d’être clair et de montrer à quel point cette guerre pèse de tout son poids sur la sécurité alimentaire mondiale. D’où les exigences de la Russie qui tord ici le cou à l’Europe en laissant planer le spectre de nouvelles pénuries d’ici l’été 2023.
Cette nouvelle décision de Moscou vient torpiller l’accord baptisé «la mer Noire», qui a été paraphé en juillet 2022 pour 120 jours entre l’ONU, l’Ukraine, la Russie et la Turquie. Il avait permis dans une certaine mesure de limiter les dégâts occasionnés par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cet accord qui a été renouvelé en novembre 2022 pour 120 jours, a permis d’exporter plus de 24 millions de tonnes de céréales depuis les ports ukrainiens.