"En réponse à toutes les sollicitations et dans un esprit de continuité dans l'accomplissement d'un devoir ultime, j'annonce aujourd'hui ma candidature à l'élection présidentielle du mois d'avril prochain».
Ce sont en ces termes que Abdelaziz Bouteflika a déclaré officiellement, dimanche, sa candidature pour briguer un cinquième mandat présidentiel.
Affaibli, très malade, contraint de se déplacer sur un fauteuil roulant, les apparitions du président algérien deviennent de plus en plus épisodiques.
Et il ne s’exprime plus en public. La dernière fois que les Algériens ont entendu la voix (inaudible) de leur président, c’était en 2015, lors d’une rencontre avec l’ex-président François Hollande.
Le goût du pouvoir peut-il alors justifier, à 82 ans, de vouloir rester à la tête de ce pays confronté à une profonde crise socioéconomique, miné par la corruption et qui a urgemment besoin de réformes ?
On peut légitimement douter, vu son état physique depuis l’AVC qui l’a terrassé en 2013, que Bouteflika veuille encore rester au pouvoir.
Lui, non. Mais les caciques du pouvoir, oui.
Ceux qui veulent perpétuer le système en place. Ceux mus uniquement par la préservation de leurs intérêts et de leurs privilèges (souvent indus).
Ceux qui, dans leur duplicité, «exhibent» de façon très mesquine Bouteflika comme rempart contre le terrorisme pour légitimer, entre autres, un 5ème mandat.
Mais, très tôt des voix se sont élevées en Algérie pour dénoncer une «mascarade».
L’opposition en particulier voit en cette candidature «une décision irresponsable, susceptible d’enfoncer davantage le pays dans la crise politique, économique et sociale qui le ronge».
Mais ces cris d’orfraie n’y changeront rien. Bouteflika sera bel et bien candidat.
Et il sera très probablement réélu à une large majorité. Sans battre campagne.
L’opposition criera alors, encore une fois, au scandale et dénoncera des élections truquées.
Ainsi va une certaine Afrique. Cette Afrique où certains dirigeants veulent mourir au pouvoir, à défaut d’être capables de le «filialiser» en le léguant à leur fils, fille ou famille proche...
Cette Afrique où l’intérêt des peuples est souvent sacrifié sur l’autel de la concussion, des compromis malsains et de l’arithmétique politicienne.■
D. W.