Dommage collatéral ou acte délibéré ? La centrale nucléaire de Zaporijjia a été touchée dans la nuit de jeudi à vendredi par des bombardements.
Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce sont des chars russes qui ont ouvert le feu sur la centrale de Zaporijjia. «Ces chars sont équipés de viseurs thermiques, donc ils savent ce qu'ils font, ils s'étaient préparés», a-t-il affirmé dans une vidéo publiée par la présidence ukrainienne.
S’il y a bien eu un incendie, on ne dénote néanmoins pas de fuite radioactive. Les niveaux de radioactivité restent inchangés sur le site de la centrale, qui compte six réacteurs nucléaires et fournit une grande partie de l'énergie du pays, a indiqué pour sa part l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon qui aucun équipement «essentiel» n'a été endommagé.
Heureusement d’ailleurs ! Et l’Europe pousse ce matin un ouf de soulagement. Car la centrale nucléaire de Zaporijjia, dont le territoire est désormais occupé par les forces armées de la Fédération russe, est la plus grande d’Europe. Située dans le sud de l'Ukraine sur le fleuve Dniepr à 525 kilomètres de Tchernobyl, elle a une capacité de près de 6.000 mégawatts, permettant de fournir en électricité environ quatre millions de foyers ukrainiens.
Dans un tweet, l'AIEA «avertit d'un grave danger si les réacteurs sont touchés».
Si cette centrale nucléaire venait à exploser, les dégâts seraient au moins 10 fois plus importants que ceux de Tchernobyl en 1986, selon les experts. Tchernobyl, c’est le pire accident nucléaire jamais connu, qui toucha une bonne partie de l’Europe et de la Russie et dont le nombre de morts est, 36 ans après, toujours entouré de mystère. Selon les sources, les estimations vont de 50… à 1 million de morts.
Le bon sens pousse donc à croire que ce qui s’est passé à Zaporijjia relève juste d’un accident. Aujourd’hui d’ailleurs, la crainte des experts est qu’un accident majeur survienne en Ukraine, où 15 réacteurs nucléaires sont en exploitation. Car cette guerre de haute intensité dans ce pays très nucléarisé peut entraîner des dommages collatéraux irréversibles. Dès lors, si ce conflit ne s’arrête pas, les conséquences pourraient être dramatiques.
Par ailleurs, on ne peut complètement occulter la menace nucléaire brandie par le président russe Vladimir Poutine le 28 février dernier, en mettant notamment en alerte sa force de dissuasion nucléaire. Histoire de montrer que pour conquérir l’Ukraine, il est prêt à aller loin, même à l’encontre de ceux qui soutiennent le pays de Zelensky. Mais cela ressemble davantage à un piteux chantage diplomatique, qui va encore plus isoler la Russie de la scène internationale.
F. Ouriaghli