Paris, 13 oct 2018 (AFP) - La longue attente se poursuivait samedi en France autour du remaniement attendu au gouvernement, onze jours après la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, provisoirement remplacé par le Premier ministre.
Les tractations continuaient ce week-end et une annonce semblait se profiler pour lundi, selon des sources proches de l'exécutif.
Vendredi à l'issue du sommet de la Francophonie en Arménie, Emmanuel Macron a défendu sa décision de prendre son temps. Un tel remaniement, "c'est important, ce sont des engagements et donc il faut faire les choses avec méthode, au bon rythme", a affirmé le président dans un entretien accordé à France 24 et RFI.
La présidence a démenti tout "bras de fer" sur le choix des profils adéquats entre Emmanuel Macron et le Premier ministre Edouard Philippe qui doivent déjeuner ensemble lundi. Mais elle a reconnu une "discussion" entre les deux hommes, confirmant au passage que Philippe, et pas seulement le chef de l'Etat, avait mis son veto à certains noms envisagés pour entrer au gouvernement.
Si l'idée d'un remaniement plus large qu'un simple remplaçant poste par poste pour Gérard Collomb est actée, le choix du futur ministre de l'Intérieur reste au centre des tractations.
Des informations de presse ont prêté à Edouard Philippe l'intention de nommer un tandem composé de Gérald Darmanin et de Frédéric Péchenard, tous deux amis de l'ex-président de droite Nicolas Sarkozy, plutôt qu'un fidèle du président Macron, comme Christophe Castaner, qui semble tenir la corde.
Parmi les sortants possibles du gouvernement figurent toujours Françoise Nyssen (Culture), Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou encore Stéphane Travert (Agriculture).
Mais le mystère reste entier sur l'ampleur de ce jeu de chaises musicales.
Selon le politologue Jérôme Fourquet, le temps inhabituellement long pris pour remanier s'explique par un "vivier assez resserré" et des procédures de vérification "plus complexes que par le passé".
Le très jeune mouvement d'Emmanuel Macron, la République en marche (LREM), manque de figures proéminentes, de militants expérimentés sur lesquels il pourrait s'appuyer.
Ce feuilleton à suspens autour du remaniement suscite une certaine lassitude, en France comme à l'étranger.
Richard Werly, correspondant à Paris du journal suisse Le Temps, fustige dans une tribune un "emballement médiatique généralisé" autour de ce remaniement suivi "presque minute par minute", au risque d'une "déconnexion généralisée avec les électeurs".
Marielle de Sarnez, éphémère ministre des Affaires européennes, appelle, quant à elle, tout le monde à être "plus zen".
"L'excitation des remaniements est certes une vieille habitude française. Mais un peu de calme ne ferait pas de mal", souligne-t-elle samedi dans l'hebdomadaire Le Point, renvoyant à l'exemple de l'Allemagne où "ces processus de discussion, de recherche du meilleur équilibre, prennent beaucoup plus de temps" encore.