La «Macronie» a triomphé de l’inconnu. Il n’y a pas eu d’issue hollywoodienne à l’élection présidentielle française.
Le séisme politique tant attendu par les soutiens de Marine Le Pen n’aura pas eu lieu finalement. Les Français ont choisi de faire une nouvelle fois confiance à Emmanuel Macron, crédité officiellement de 58,5% des suffrages contre 41,5% pour sa rivale, à l’issue de ce second tour qui a connu un taux d'abstention de 28%. Ils ont préféré la «Macronie», qui a connu des errements et des flottements, fait des déçus, suscité des mécontentements… aux généralités d’un «lepénisme» obscur et plein d’incertitudes.
C’est bien cela : avec Marine Le Pen, les Français ne savent pas à quoi s’en tenir.
Sa posture très ambiguë sur l’Union européenne fait peur : même si, par intelligence politique, elle ne l’affirme plus ouvertement, l’idée d’un «Frexit» qui fragiliserait le bloc européen trotte bien dans sa tête. Son discours sur l’immigration et le voile effrayent également. Et ses accointances douteuses avec la Russie la fragilisent. A côté de tout cela, disent certains observateurs, elle serait moins présidentiable qu’un Macron.
C’est donc la deuxième défaite successive de Marine Le Pen face au président sortant, même si elle en sort moins traumatisée qu’en 2017, année où elle a été laminée par Macron lors du débat de l’entre-deux-tours. Ses vaines tentatives de se dédiaboliser n’ont ainsi pas convaincu la majorité de l’électorat français.
Emmanuel Macron, c’est finalement un moindre mal dans certaines consciences françaises. Tantôt mal aimé, voire détesté, tantôt acerbement critiqué par ses détracteurs, tantôt jugé arrogant…, il est loin en effet de faire l’unanimité. Alors Macron, un président par défaut ? Si sa réélection ne souffre d’aucune contestation et qu’il reste un président légitime, être élu par défaut est néanmoins, d’un point de vue politique, un fardeau qu’il est difficile de porter. Et il en est conscient. Il lui faudra donc fédérer, faire adhérer les Français à son projet politique. Il a 5 ans pour convaincre.
En dehors des frontières françaises, l’on se réjouit forcément de la défaite de Marine Le Pen. Sauf peut-être en Russie (sic !).
Au Maroc, partenaire historique de la France, cette réélection de Macron est synonyme de continuité d’une coopération bilatérale exemplaire, dont les racines se prolongent loin dans le temps. Une coopération qu’il faudra faire évoluer quantitativement et qualitativement. Une coopération qui devra être plus prononcée dans sa dimension politique, avec notamment un appui et un soutien plus franc et sans ambiguïté au plan d’autonomie du Maroc pour ses provinces sahariennes. Madrid et Berlin l’ont fait. Paris doit s’inscrire dans cette dynamique. Et c’est sur ce sujet que le Royaume attend Macron.
F. Ouriaghli