Une bactérie mangeuse de chair, dont le nombre d'infections a triplé en quelques années, inquiète la population de l'Etat de Victoria (sud-est de l'Australie). Après 47 cas en 2014, 58 en 2015 et 102 en 2016, le nombre de victimes d’ulcères de Buruli a atteint 239 sur les douze derniers mois, selon des statistiques publiées cette semaine par les autorités sanitaires.
Bien que la recrudescence de cette maladie non-mortelle, mais caractérisée par une terrifiante pourriture de la peau, soit suffisante pour inquiéter les experts de santé, le manque cruel d’informations sur la bactérie - la Mycobacterium ulcerans - constitue la difficulté majeure.
"Nous ne savons en fait ni où elle vit, ni pourquoi elle est là, ni comment elle infecte les humains. Comment pouvons-nous stopper une épidémie si nous n’avons même pas ces informations basiques ?", s’interroge Daniel O'Brien, directeur adjoint du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Geelong dans l’Etat du Victoria.
Selon une étude publiée avril dernier, la bactérie naîtrait notamment dans des sources d’eau affectées par des perturbations. Il a été constaté que les lésions se développaient essentiellement sur les bras et les jambes, suggérant que l’infection serait transmise par des morsures d’animal.
Mais le temps d’incubation très long de l’infection – de quatre semaines à neuf mois – est un autre élément de mystère pour les chercheurs.
Diagnostiqué pour la première fois en Australie dans les années 1930, l’ulcère de Buruli tire son nom du village en Ouganda où la maladie a été découverte. ■