Au moins 32 personnes ont été tuées et 165 blessées vendredi dans une collision entre deux trains de voyageurs près de Sohag, dans le sud de l'Egypte, pays où ce type de drame mortel est récurrent.
Vendredi soir, des dizaines de techniciens tentaient d'ôter des rails cinq wagons disloqués et endommagés, gisants près d'un canal dans le village de al-Samaa Gharb, à 460 km au sud du Caire, a constaté une correspondante de l'AFP sur place.
"Nous étions à la mosquée puis un enfant est venu nous informer (de l'accident). On avait entendu la collision, alors on a accouru et on a trouvé un carnage", a indiqué un riverain âgé de 59 ans, sous le couvert de l'anonymat.
"Les premières ambulances sont arrivées environ une demi-heure après l'explosion (...) Il y avait des enfants qu'on a extirpé (des débris) à l'aide d'échelles en bois", selon la même source qui a passé la journée à aider les secouristes.
Des images prises par une caméra de surveillance dans la matinée et vues par l'AFP montrent une collision d'une extrême violence dans laquelle un wagon est projeté en l'air, dans un immense nuage de poussière.
"Aidez-nous, les gens meurent!", hurle un jeune homme affolé, le visage et les cheveux pleins de poussière depuis l'intérieur d'un wagon renversé, selon d'autres images partagées en direct sur Facebook.
La scène montre des blessés et des personnes en sang, certaines visiblement coincées au milieu de débris et des sièges renversés, criant et pleurant.
"Trente-deux citoyens sont morts (...) dans la collision de deux trains dans le district de Tahta, dans le gouvernorat de Sohag", a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué.
Des renforts médicaux ont été acheminés du Caire et plus d'une centaine d'ambulances ont été mobilisées pour transporter les blessés vers les hôpitaux.
Lors d'une conférence de presse vendredi soir à Sohag, la ministre de la Santé Hala Zayed a fait état de 165 personnes blessées et hospitalisées.
Agé de 20 ans, Kamel Nagi fait partie des 70% d'entre elles souffrant de fractures, selon les chiffres du ministère. "Je retournais au Caire après une permission de quelques jours", a confié le conscrit alité à l'hôpital général de Tahta, une jambe dans le plâtre. "Notre train s'est soudain arrêté et un quart d'heure plus tard, le second est arrivé puis nous a percuté. Je l'ai vu arriver, j'ai hurlé puis je me suis trouvé à terre avec une grande douleur", a-t-il raconté le visage couvert d'éraflures, tandis qu'une infirmière lui administrait une injection d'antidouleur.
Le Premier ministre Mostafa Madbouly a annoncé que des indemnisations de 100.000 livres (5.400 euros) pour chaque famille de personne décédée et de 20.000 (1.080 euros) à 40.000 livres (2.160 euros) pour les familles de blessés avaient été prévues.
Selon lui, améliorer l'état des transports ferroviaires va "prendre du temps". "En attendant, des accidents comme celui-ci peuvent arriver", a-t-il ajouté.
L'Egypte est régulièrement endeuillée par de graves accidents routiers ou ferroviaires, dus à une circulation anarchique, des véhicules vétustes ou encore à des routes et des voies ferrées mal entretenues et peu surveillées.
Réagissant au drame, le président Sissi a promis que les responsables seraient punis. "Quiconque a causé ce douloureux accident par négligence ou corruption ou toute autre raison doit recevoir une sanction dissuasive, sans exception ni délai", a écrit Sissi sur son compte Twitter.
Le parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête pour élucider les circonstances de l'accident.
Selon un communiqué de l'Autorité égyptienne des chemins de fer, le train Louxor-Alexandrie et le train Assouan-Le Caire roulaient sur la même voie dans le même sens.
Ils sont entrés en collision après que des individus non identifiés "ont actionné dans plusieurs wagons le frein de secours" dans l'un des deux trains.
La tragédie ferroviaire la plus meurtrière de l'histoire du pays s'était produite en 2002, avec l'incendie d'un train qui avait fait plus de 360 morts à une quarantaine de kilomètres au sud du Caire.
En février 2019, un train s'était encastré dans un mur de la gare centrale Ramsès au Caire, entraînant une explosion et un incendie dans lesquels une vingtaine de personnes avaient péri.
Un sommet Irak-Jordanie-Egypte, qui devait avoir lieu vendredi et samedi à Bagdad où Sissi devait se rendre, a été annulé en raison de l'accident de train.
La collision de vendredi à Sohag intervient au moment où l'Egypte fait face à un autre défi majeur lié aux transports: un porte-conteneurs de 400 mètres de long est coincé depuis mardi en travers du canal de Suez, perturbant fortement le fret maritime international.
(AFP)