On se croirait téléportés à une époque très lointaine, que l’on pensait définitivement enterrée dans la trappe de l’Histoire : celle de la guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS.
Aujourd’hui, c’est une nouvelle épreuve de force qui se joue entre les USA et la Russie, avec toujours comme enjeu la consolidation, voire l’extension des zones d’influence.
Au cœur des vives tensions entre les deux grandes puissances, l’Ukraine, menacée d’être envahie par la Russie. Actuellement, des dizaines de milliers de soldats russes déployés à la frontière ukrainienne multiplient les manœuvres militaires en guise de démonstration de force et d’intimidation.
Le Kremlin exige de Washington un traité empêchant tout élargissement de l’OTAN, en particulier à l’Ukraine. Il demande aussi le non-déploiement d’armes stratégiques dans les pays de l’Est.
Vladimir Poutine bande donc les muscles, martelant que ses conditions sont non-négociables.
«Antony Blinken (chef de la diplomatie américaine, ndlr) a été clairement informé qu'ignorer davantage les préoccupations légitimes de la Russie liées principalement à l'exploitation militaire en cours par les États-Unis et leurs alliés de l'Otan du territoire de l'Ukraine, dans le contexte d'un déploiement à grande échelle de forces et de moyens de l'Alliance près de nos frontières, aura les conséquences les plus graves», a indiqué Moscou.
De son côté, Washington se refuse à se plier à de telles exigences, mettant en avant la souveraineté des Etats. Tout comme Poutine, Joe Biden bombe le torse, exige le retrait des troupes russes et menace Moscou de lourdes sanctions économiques. La Russie «paiera un lourd tribut» si elle envahit l’Ukraine, avertit Biden.
Poutine reste cependant inflexible. En posant des conditions non-négociables, il semble vouloir aller jusqu’au bout, c’est-à-dire la confrontation. Au nom de ce qui semble être une profonde volonté de sanctuariser la zone d’influence de l’ancienne soviétique.
Car pour nombre d’observateurs, céder au chantage militaire de Poutine, c’est ouvrir la boite de Pandore. Qu’exigera-t-il après l’Ukraine ? Les pays Baltes peut-être, lesquels, pendant un demi-siècle, ont été rattachés de force à l’URSS ? D’ailleurs, ces pays (Estonie, Lettonie, Lituanie), qui partagent tous une frontière avec la Russie, ont décidé d’aider l’Ukraine à se défendre en lui envoyant des missiles antichars et antiaériens.
Avec un Poutine nostalgique d’une époque révolue depuis longtemps, toute une région peut-être déstabilisée par une nouvelle chouannerie meurtrière. Envahira-t-il encore une fois l’Ukraine, 8 ans après l’avoir agressée et annexé la Crimée ?
Les espoirs qu’il se rétracte semblent minces, quand bien même la bataille diplomatique se poursuit toujours. Après leurs discussions «franches et substantielles» vendredi à Genève, Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov ont convenu d’un nouveau rendez-vous «la semaine prochaine».
En attendant, les bruits de bottes à la frontière russo-ukrainienne sont plus que bruyantes.
D. William