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Nizar Baraka: L’opposant qui veut le pouvoir

 

A deux mois des législatives, il a réussi à redorer le blason de l’Istiqlal dont l’image a été fortement écornée par Hamid Chabat, qui broutait dans les prés du populisme.

Baraka compte bien être le leader de la prochaine coalition gouvernementale.

 

Par D. William

 

Nizar Baraka reste un sérieux prétendant au poste de futur chef de gouvernement. A 57 ans, l’ancien argentier du Royaume et ex-président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) jouit, en effet, d’un préjugé très favorable.

Posé, mesuré dans ses propos, jouissant d’une excellente réputation et très apprécié par les milieux d’affaires, il a la stature d’un leader, d’un vrai homme d’Etat. Ce n’est pas lui jeter des fleurs que de l’affirmer. Car ce dont on lui crédite aujourd’hui n’est que le juste dividende de son riche parcours professionnel et politique. D’ailleurs, le message qu’il a reçu du Roi quand il a pris les rênes du Parti de l’Istiqlal en 2017 en dit long sur l’homme.

Le Souverain l’a ainsi félicité pour la confiance placée en lui par les membres du Conseil national du parti, «en reconnaissance de ton engagement à défendre les principes du parti et ses valeurs, et de l’efficacité dont tu as fait preuve durant les diverses responsabilités gouvernementales et nationales que tu as assumées, outre ton expérience partisane et tes qualités humaines».

«Et il ne fait aucun doute que tu n’épargneras aucun effort pour atteindre ces objectifs, vu ton patriotisme sincère, ton sens élevé de responsabilité et ton attachement fort aux constantes de la Nation», avait ajouté le Roi. Presque 4 ans plus tard, cette force tranquille semble incarner, à lui seul, la renaissance de l’Istiqlal.

Parti dont l’image a été à l’époque fortement entamée par les errements de son ex-secrétaire général, Hamid Chabat, qui broutait dans les prés du populisme, et qui s’était attiré la foudre de membres du secrétariat exécutif, lesquels estimaient qu’il «a démontré qu’il n’est ni qualifié ni capable de poursuivre sa responsabilité à la tête du secrétariat général du Parti de l’istiqlal».

La critique constructive

Depuis 2017, le SG de l’Istiqlal a entamé un travail de reconstruction en profondeur du parti afin de mieux le repositionner sur la scène politique. Car l’opposant veut aujourd’hui le pouvoir. Et c’est loin de se résumer en une déclaration d’intention, d’autant qu’un travail de fond est mené depuis presque 4 ans pour remettre en selle l’Istiqlal.

Qui ne s’est pas contenté d’être dans l’opposition dure, critiquant à hue et à dia, mais s’est inscrit dans une logique de critique constructive en apportant à chaque fois sa contribution au débat politique et sa vision dans les questions économiques majeures. En cela, ne vous fiez donc pas à l’air affable de Baraka.

En homme de convictions, qui porte en bandoulière les valeurs du parti de la balance, il a eu à avoir des avis tranchés sur certains sujets, ce qui a passablement irrité certaines sphères. C’était le cas en mai 2020 lorsqu’il a estimé que les banques n’ont pas joué leur rôle pour accompagner le gouvernement dans la crise, dénonçant le fait qu’elles ont certes accepté de différer les échéances de crédit, moyennant des intérêts, mais elles ont requis des entreprises qui ont sollicité Damane Oxygène des garanties supplémentaires bien que l’Etat se soit porté garant à hauteur de 90%. C’était le cas lors de la vive polémique née du choix de la langue dans l’enseignement des matières scientifiques.

«L’on ne peut réduire la problématique de l’enseignement à la seule composante linguistique», avait-il déclaré, insistant sur le fait que «le problème de l’enseignement n’est pas lié à la langue arabe, mais à la qualité du système éducatif».

C’était le cas aussi quand Nizar Baraka a clarifié, sans ambiguïté, le positionnement de sa formation politique : «notre position naturelle aujourd'hui au sein du paysage politique est de se constituer en une opposition istiqlalienne nationaliste, face à l'infiltration des tendances libérales déséquilibrées dans les structures de l'économie nationale, à la dilapidation du temps et des opportunités de réforme par le gouvernement, en présence de multiples défis, à la lenteur du rythme de l'action gouvernementale pour honorer les engagements et satisfaire les revendications légitimes des citoyens et à un exécutif qui se contente de gérer les contraintes au quotidien et de faire part de ses intentions sans disposer de prospective ou de dimension stratégique».

Et c’est le cas avec la crise diplomatique maroco-espagnole, qui a poussé le SG du PI à adresser une lettre à Pablo Casado, président du Parti populaire espagnol, pour lui signifier que la décision du gouvernement espagnol d'accueillir le chef du polisario «était un coup de poignard dans le dos et qu'elle était inacceptable, inappropriée et inamicale».

Le PI se met en orbite

Aujourd’hui, la posture de l’Istiqlal n’est donc pas de taper uniquement sur l’Exécutif, mais, comme le dit Baraka, de «proposer des alternatives crédibles en termes de politiques publiques».

C’est pourquoi d’ailleurs le SG du PI a très tôt fait savoir sa conception du nouveau modèle de développement, bien avant que la Commission spéciale ne rende public son rapport. Pour Baraka, des ruptures majeures s'imposent, en ce sens que le projet ne peut en aucune manière être uniquement économique ou social, mais plutôt un modèle de développement global qui intègre le politique, l'économique, le social, le culturel et l'environnemental.

C’est dans cette optique que, en réaction aux changements retenus par la Commission, l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI) a proposé, le 21 juin courant, cinq chantiers prioritaires  : assurer les conditions de réussite de la protection sociale généralisée; accélérer la généralisation d’un préscolaire de qualité; rentabiliser les efforts réalisés en infrastructures, stimuler l’entrepreneuriat et accélérer le développement du tissu productif en y investissant une partie conséquente de l’investissement public; atténuer les inégalités sociales et territoriales et promouvoir la classe moyenne; et une gouvernance économique pour replacer le pays sur des sentiers de croissance durable et responsable.

En attendant, l’enjeu majeur pour l’Istiqlal reste de tirer son épingle du jeu lors des législatives de septembre prochain, et surtout que Baraka soit le chef d’orchestre de la prochaine coalition gouvernementale.

Encore faut-il que les électeurs s’identifient au programme électoral porté par cette formation politique qui, pour relever les défis post-covid-19, a pour ambition de construire une société égalitaire à travers 7 leviers prioritaires : consolider la souveraineté nationale, assurer une meilleure efficience de l’Etat, renforcer la résilience sociétale, relancer l’économie nationale de manière responsable, sortir de l’économie de rente et de la politique des privilèges, poursuivre les transformations écologique et numérique et consolider la cohésion sociale. Tout un programme !

 

 

 

 

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