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Covid-19 : Faut-il reconfiner le Maroc ?

Covid-19 : Faut-il reconfiner le Maroc ?

 

L’on s’en doute, le gouvernement est tenté de faire du copier-coller pour appuyer sur le bouton «reconfinement».

Mais arrêter de nouveau l’économie, c’est disséminer les miasmes de la mort dans le corps entrepreneurial.

 

Alors que la pandémie ne faiblit pas, de plus en plus de rumeurs font état d’un reconfinement probable au Maroc.

Dimanche, le gouvernement a ainsi démenti avec véhémence une information circulant sur les réseaux sociaux concernant un retour au confinement le 2 novembre.

Mais, entendons-nous bien : les autorités ont juste démenti l’information, mais n’ont en aucun cas dit qu’il n’y aurait plus de confinement.

D’ailleurs, aucun gouvernement ne saurait être affirmatif sur ce sujet, surtout quand on voit que plusieurs pays à travers l’Europe, mêmes ceux dont le mode de gestion de la pandémie a été cité en exemple au plus fort de la crise sanitaire en mars, ont été contraints de reconfiner leurs populations.

En cela, les propos tenus hier par le chef de gouvernement sont sans équivoque.

Saad Eddine El Otmani qualifie la situation épidémiologique qui prévaut actuellement au Maroc d’«inquiétante», non sans souligner que cette dernière fait l’objet d’une évaluation hebdomadaire… qui définit les décisions à prendre.

Résumons : en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique, le gouvernement avisera.

 

Indicateurs sanitaires

Alors, les indicateurs sanitaires actuels plaident-ils pour un reconfinement ?

Dimanche 1er novembre, le Maroc a enregistré 3.460 nouveaux cas confirmés de coronavirus, 3.038 guérisons et 67 décès.

Ce lundi 2 novembre, le Maroc a enregistré 2.526 nouvelles contaminations et 64 décès.

Ce nouveau bilan porte donc à 225.070 le nombre total de contaminations dans le Royaume depuis le début de la pandémie, pour un total de 3.826 décès.

D’après les chiffres officiels, au 2 novembre, le Maroc compte 34.143 cas actifs, pour un taux de létalité de 1,7%.

On dénombre en outre 842 cas critiques ou sévères (vs 525 au 14 octobre), dont 66 sous intubation, pour un taux d’occupation des lits de réanimation dédiés à la covid-19 de 36,5% (vs 26% au 14 octobre).

En 16 jours, le nombre de cas critiques ou sévères a augmenté de 60%, tandis que le taux d’occupation des lits de réanimation est en hausse de 40%.

Ces évolutions importantes pourraient-elles justifier un reconfinement national, par principe de précaution ?

Ou doit-on uniquement tenir compte du paramètre «taux d’occupation des lits de réanimation dédiés à la covid-19», lequel, dans l’absolu, laisse au Maroc une marge relativement importante ?

Doit-on, au contraire, considérer le «taux d’occupation des lits de réanimation» par région, pour décider de reconfinements localisés ?

«La situation au Maroc n'est pas rassurante du tout et les chiffres sont sous-estimés, tant en ce qui concerne le nombre de cas sévères que le taux d'occupation des lits de réanimation», avertit un épidémiologiste qui souhaite garder l’anonymat, tout en soulignant que «le corps médical mobilisé en réanimation reste insuffisant».

«Si le Maroc a pris la décision de confiner avant tout le monde au mois de mars, il peut aujourd’hui tout autant suivre les autres pays qui ont reconfiné, puisque la situation épidémiologique actuelle est critique», ajoute-t-il.

Il faut, dans ce cadre, tenir compte d’une réalité : le couvre-feu, les limitations des déplacements, le bouclage de quartiers ou provinces… n’ont en aucun cas permis de circonscrire la propagation du virus.

Jusqu’à aujourd’hui, la seule mesure qui a réellement produit les effets escomptés, même si elle est redoutée et décriée, est le confinement strict, en l’absence notamment de l’immunité collective et d’un vaccin.

Le gouvernement osera-t-il cependant franchir le pas ?

 

Quid de l’économie ?

Comme nous l’avons tantôt dit ici, le paramètre sanitaire n’est pas la seule variable dont il faut tenir compte.

Il y a aussi le volet économique, et l’on ne peut opposer les deux.

Il faut des citoyens en bonne santé pour faire marcher la machine économique; et une économie malade ne saurait financer valablement le système de santé.

L’enjeu est, actuellement, de pouvoir préserver la santé et la sécurité de la population, tout en faisant tourner l’économie. Difficile de savoir où mettre le curseur.

Les polémiques et les manifestations violentes suscitées par le reconfinement dans certains pays européens témoignent de la complexité de la tâche.

L’on se doute donc que le gouvernement marocain suit attentivement ce qui se passe ailleurs.

S’il est tenté de faire du copier-coller pour appuyer sur le bouton «reconfinement», il peut cependant être freiné dans son élan par une réalité sociale bien différente que celle qui prévaut en France, Allemagne ou encore l’Espagne :  l’informel pèse plus de 20% du PIB au Maroc, hors secteur primaire.

Arrêter de nouveau l’économie revient à :

  • plonger des centaines de milliers de ménages dans une précarité certaine;

  • prendre le risque de tensions sociales extrêmes;

  • disséminer les miasmes de la mort dans le corps entrepreneurial;

  • plomber davantage la croissance et creuser le déficit budgétaire.

A défaut d’arrêter l’économie, la seule alternative qui reste donc est de faire preuve de civisme.

En respectant les mesures barrières.

En se conformant aux directives édictées par les autorités sanitaires.

Bref, se protéger tout en protégeant les autres.

Car, l’histoire toute récente du coronavirus nous a montré qu’il ne connaît ni nationalité, ni classe sociale, ni couleur de peau !

 

Le «Stop and go» en attendant un vaccin
Le confinement strict a été une réussite. Le déconfinement un bel échec. A la décharge des autorités marocaines, le cas du Royaume n’est pas unique. Presque tous les pays européens sont confrontés à une flambée des cas.
La stratégie du «Stop and go», qui alterne les périodes de déconfinement et de reconfinement, est non seulement psychologiquement pénible pour les populations, mais elle ne freine que momentanément la propagation du coronavirus. C’est une stratégie qui peut être cependant envisagée et acceptée par les citoyens s’il y avait de la visibilité par rapport au vaccin contre la Covid-19. Certes, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, a annoncé la disponibilité d’un vaccin anti-Covid-19 avant la fin de l’année 2020, mais c’est à prendre avec réserve, tant ce virus a, jusqu’à présent, déjoué tous les pronostics.

D. William

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