Dans son dernier bulletin économique dédié au Maroc et intitulé «Prioriser les réformes pour améliorer le climat des affaires», la Banque mondiale se montre plutôt encourageante, tout en glissant quelques conseils bien sentis.
A lire entre les lignes «le Maroc va bien, mais pourrait aller beaucoup mieux… s’il le voulait vraiment». Le rapport, à la tonalité analytique, dresse un tableau contrasté. En surface, des signes de vitalité : un PIB qui devrait progresser de 3,6% cette année, une inflation ramenée à la raison, une monnaie stable, un déficit courant maîtrisé et, cerise sur le gâteau, un regain de confiance des investisseurs étrangers.
Voilà qui ferait pâlir d’envie bien des économies émergentes. Mais comme toujours, les chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. Car, à l’arrière-plan, l’économie marocaine tire un peu la langue. L’agriculture, toujours à la merci des caprices du ciel, a connu un coup de mou en 2024, par la faute d’une sécheresse persistante.
Le moteur de l’emploi reste grippé, et les jeunes, surtout les femmes, peinent à trouver leur place dans un marché du travail qui les regarde encore comme des invités indésirables à une garden-party économique. Le secteur non agricole, par contre, a fait preuve d’un certain panache, notamment l’industrie et l’investissement.
Mais venons-en à ce qui pique l’intérêt : le chapitre spécial consacré au climat des affaires. Le diagnostic des économistes de la Banque mondiale est sans appel : si le Maroc performe plutôt bien en matière de réglementation et d’accès aux services publics, il trébuche encore et toujours sur l'efficacité opérationnelle. Traduction non diplomatique : on a les lois, mais pas toujours l’envie ou les moyens de les appliquer correctement.
C’est pourquoi le rapport propose une hiérarchisation des réformes, histoire de réorienter l’action publique. En tête des priorités : simplifier les procédures administratives, la lutte contre les coûts élevés et les obstacles à l’embauche formelle, rendre plus lisibles et rapides les résolutions de litiges et numériser les services liés à l’insolvabilité.
Parce que oui, même faire faillite au Maroc est une épreuve de force. Bref, il y a encore du taf. Mais réformer, ce n’est pas empiler les lois ou organiser des ateliers de concertation. C’est trancher, arbitrer et, parfois, déranger.
C’est affronter des intérêts établis, secouer une bureaucratie qui est dans sa zone de confort et, surtout, croire au changement. Le Maroc en a les moyens. Ce qu’il lui faut désormais, c’est l’impulsion. Et pour ce faire, le timing est parfait. Avec une inflation maîtrisée, une Banque centrale en mode assouplissement et une conjoncture extérieure plutôt favorable, c’est le bon moment pour appuyer sur l’accélérateur.
D’autant plus que les investisseurs sont là, attentifs, prêts à mettre la main à la poche, à condition de ne pas perdre leur temps dans la paperasse ou les impasses judiciaires. Passons donc à l’acte !
Par D. William