L’Etat marocain, qui soutiendra un certain nombre de secteurs sinistrés dans le cadre du plan de relance économique, doit accorder une importance particulière au secteur touristique, à l’instar de l’initiative du gouvernement français.
L’Hexagone a mis sur pied un plan de relance massif du tourisme, chiffré à un engagement de 18 Mds d’euros pour les finances publiques.
Dans l’optique de limiter la propagation du coronavirus, plusieurs pays européens avaient décidé au pic de la pandémie de restaurer les contrôles aux frontières. D’autres Etats ont tout simplement franchi le pas en fermant leurs frontières avec leurs voisins européens.
Une pratique qui est aux antipodes du sacro-saint principe de la libre circulation des personnes et des biens issus des pays membres de l’UE.
Le 13 mai 2020 constitue un tournant, puisque l’UE, via la Commission européenne, a exhorté les Etats membres à ouvrir à nouveau leurs frontières intérieures afin de faciliter la reprise du tourisme.
Un secteur névralgique pour bon nombre de pays.
L’obsession de la Commission européenne, qui invite le secteur à prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter la rehausse des cas de Covid-19, est de sauver la haute saison qui se profile, avec les vacances d’été.
Il n’a fallu que 24 heures après l’exhortation de la Commission européenne pour que la France, via le Premier ministre Edouard Philippe, annonce un Plan de relance massif du tourisme, chiffré à un engagement de 18 Mds d’euros pour les finances publiques.
D’ailleurs, Edouard Philippe a signifié aux Français qu'ils pourraient partir en vacances dans tout l'Hexagone en été malgré la pandémie.
L’assertion du Premier ministre traduit la centralité du tourisme pour l’économie française.
«Ce qui est bon pour le tourisme, l’est également pour la France», a-t-il affirmé.
Quid du Maroc ?
Un parallèle avec le Maroc est d’autant plus pertinent au regard du timing. La CGEM peaufine, en concertation avec les différentes fédérations, les plans de relance sectoriels qui devraient constituer l’épine dorsale du Plan de relance économique, tant attendu et censé faciliter le redémarrage de l’activité économique, plongée dans le coma.
Il est sans conteste que l’Etat, qui soutiendra un certain nombre de secteurs sinistrés dans le cadre dudit plan, doit accorder une importance particulière au secteur touristique, à l’instar de l’initiative du gouvernement français.
Faudrait-il le rappeler, le Maroc a accueilli l’année dernière 13 millions de touristes étrangers, avec à la clef des recettes voyages en devises de l’ordre de 78,6 Mds de DH.
Dans un document publié dernièrement, la Confédération nationale du tourisme (CNT) estime que cette crise sans précédent pour le secteur à l’échelle mondiale impactera l’industrie touristique marocaine pendant au moins 12 mois, avec une perte en devises estimée à 138 Mrds de DH sur 3 ans (sur la base des recettes en devises de 2019).
Ainsi, tous les acteurs du secteur devront affronter une période très difficile jusqu’à décembre 2020 (9 mois) et s’attendre à une reprise timide et graduelle à partir d’avril 2021.
C’est dire l’importance du secteur touriste pour l’économie nationale.
Il n’est pas exagéré de paraphraser le Premier ministre français dans le contexte national. Ce qui est bon pour le tourisme est bon pour le Maroc. D’où la nécessité pour l’Etat de déployer les moyens permettant le prompt redécollage d’un secteur en danger.
Momar Diao