Dans l'arène des affaires, la concurrence est l'oxygène vital, le moteur de l'innovation et le garant de l'équité économique. Cependant, lorsque cette concurrence est travestie par des ententes secrètes, des intrigues économiques et des pratiques illicites, c'est tout un système qui s'en trouve pénalisé, privé de son dynamisme.
Pendant des années, le secteur des hydrocarbures au Maroc a été non seulement le théâtre d'une guerre sourde déguisée en une concurrence loyale, mais a surtout été entaché par des manipulations et des tromperies qui ont obscurci l'intégrité de ce marché vital. Sous le couvert de la libéralisation des prix et de la liberté d'entreprise, des acteurs majeurs ont orchestré des accords occultes, altérant ainsi le jeu du marché et sapant les fondements mêmes de notre économie.
Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence, est venu mettre un terme à ces pratiques. Dès sa prise de fonction, il avait fait de ce dossier épineux une priorité. Et son dévouement à éclaircir les zones d'ombre, restaurer l'intégrité du marché et protéger les intérêts des consommateurs a été au demeurant confirmé par la sanction de 1,8 milliard de DH infligée, novembre dernier, à neuf sociétés opérant dans les marchés de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution du gasoil et de l’essence ainsi qu’à leur organisation professionnelle.
Clap de fin pour ce dossier délicat qui a suscité des débats passionnés ? Pas tout à fait. La vigilance du Conseil de la concurrence ne faiblira pas. Pendant 3 années encore, les différents distributeurs d'hydrocarbures seront sous surveillance et devront fournir des reportings au Conseil. De quoi annihiler toute velléité de pratique répréhensible et promouvoir une concurrence saine et équitable.
Un signal fort
Le dénouement du dossier des hydrocarbures est un signal fort de Rahhou à la communauté des affaires. Car le Conseil de la concurrence, bras armé de la justice économique, est résolu à faire respecter la loi et à restaurer la confiance dans notre système économique. C’est pourquoi il a dans sa ligne de mire plusieurs autres secteurs, car le combat pour l'équilibre et la justice économique dépasse le cadre du secteur des hydrocarbures et s'étend à chaque recoin de notre économie.
Seront ainsi soumises à un examen minutieux, des activités telles que les fruits et légumes, le fonctionnement des marchés de gros, les matériaux de construction, du fait de leur impact sur l'économie, la distribution agroalimentaire, l'aliment de bétail, le secteur du pain, notamment le fonctionnement des minoteries, ou encore la production de l'électricité.
C’est dire que Rahhou est déterminé à restaurer la transparence, la responsabilité et la confiance dans les mécanismes de marché. En ratissant large, il sonne de fait la fin de la récré.
Fini l’ère des ententes secrètes qui faussent le jeu de la concurrence. Fini les abus et les manigances ! Fini tous ces arrangements frauduleux qui sapent les fondements d'une économie saine et dynamique !
Désormais, ceux qui s'adonnent à des pratiques anticoncurrentielles ne pourront plus échapper à la rigueur de la loi. Rahhou y veille scrupuleusement.
F. Ouriaghli
