Fait de persister dans un comportement volontaire sans tenir compte des circonstances : c’est ainsi qu’est défini l’entêtement. Et nous avons un exécutif qui s’entête à ignorer une demande de plus en plus bruyante de l’opinion publique : rendre du pouvoir d’achat aux citoyens en gelant ou réduisant temporairement les taxes sur les produits pétroliers. Elles s’élèvent à 10% au Maroc, avec un poids dans la composition du prix de vente final de 37% pour le gasoil et 47% pour l’essence.
Les Marocains, qui font face à des prix à la consommation qui ont sensiblement augmenté au cours des quatre premiers mois de l’année, avec une progression moyenne de 4,5% en glissement annuel, sont passablement exaspérés par la hausse continue des prix à la pompe. Mercredi, le litre de gasoil était à 16 DH, tandis que l’essence s’affichait à 17,80 DH le litre. Mais le gouvernement préfère s’en tenir à sa ligne de conduite : soutenir les transporteurs routiers au lieu d’aider directement les automobilistes.
A mi-juin, il leur avait déjà versé environ 1,4 milliard de dirhams dans le cadre de la première, de la deuxième et du début de la troisième tranches de la subvention exceptionnelle qui leur a été allouée suite à la la hausse des prix des carburants. Mieux encore, le 28 juin, l’Exécutif a décidé de revaloriser de 40% la valeur de la quatrième tranche du soutien accordé aux transporteurs, pour la porter de 500 à 700 MDH.
En revanche, pas un kopeck pour les automobilistes. Dans ce contexte marqué par la guerre en Ukraine et les sanctions économiques contre la Russie qui contribuent à maintenir les tensions sur les cours du brut, le gouvernement peut-il tenir longtemps dans cette posture ? Peut-il continuer à chouchouter les transporteurs et à ignorer les automobilistes ?
Quels seuils les prix à la pompe devraient-ils atteindre pour qu’enfin il change de stratégie ? Pourtant, un peu partout dans le monde, les gouvernements agissent pour soulager les automobilistes face à cette conjoncture inflationniste. Rappelons-le encore une fois : ristourne fiscale en Allemagne, ristourne de 18 centimes d’euros par litre de carburant en France, réduction de 20 centimes d'euros par litre du prix des carburants en Espagne…
Aux USA, le président américain Joe Biden demande au Congrès d’adopter une loi portant sur la suspension d'une taxe fédérale sur l'essence et le diesel pendant trois mois afin de faire baisser les prix à la pompe. Il n’est pas interdit de copier les bonnes idées. Ou de s’en inspirer, si tant est que l’on veut se donner bonne conscience (sic !).
D. William