Le webinaire a permis d’étudier les principales nouveautés apportées par la loi de finances 2022, notamment celles impliquant directement les petites et moyennes entreprises. Il a également été l’occasion de rappeler la structure de l’économie marocaine et le rôle crucial que jouent les TPME dans le tissu productif marocain. Il s’agit, selon la dernière enquête du Haut-Commissariat au Plan sur les entreprises, datant de 2019, d’une proportion de 93% de TPME, 64% de TPE, et d’environ 7% de grandes entreprises.
Représentant le Ministère des Finances et de l’Economie lors du webinaire, Ragbi Bouameur est revenu sur certains indicateurs macro-économiques qui décrivent la trajectoire de récession en 2020, puis de reprise en 2021 (notamment durant le deuxième semestre). Ragbi a également énuméré les principaux objectifs des mesures prises par le gouvernement dans la loi de finances 2022, dans le but de stimuler une relance économique : Incitation à l’investissement ; Soutien au pouvoir d’achat ; Renforcement du capital humain ; Appui à la production nationale ; Amélioration de la prestation publique.
L’exposé présenté par M. Ragbi a également indiqué que parmi les orientations adoptées par le gouvernement, un grand intérêt est accordé au soutien des PME et TPE. Ainsi, il a souligné l’importance de soutenir les PME et TPE à reconstituer leur trésorerie par le remboursement, d’ici la fin avril 2022, du stock des crédits de TVA, qui s’élève à 13 milliards de dirhams. Dans ce sens, M. Ragbi a mis l’accent sur certaines actions destinées à l’encouragement des initiatives entrepreneuriales, telles que les programmes « Intelaka », « Al Forssa » et « Awrach ».
De son côté, M. Hicham Slimani, Vice-président de l’Union Générale des Entreprises et des Professions (UGEP), a salué les dispositions inclues dans la nouvelle loi de finances, notamment celles destinées à réduire la pression fiscale sur les TPE et PME. M. Slimani a toutefois reconnu l’existence de certaines « insuffisances » sur les politiques de soutien aux TPE impactées par la pandémie, tout en relevant les « ambiguïtés » qui planent encore sur certains programmes (« Awrach », par exemple). Il a, par la même occasion, indiqué que « beaucoup de petites entreprises opérant sur des secteurs lourdement touchés par la crise, comme le transport touristique ou les agences de voyages, n’ont pas bénéficié des dernières actions de soutien menées par le gouvernement ».
Au-delà des effets de la crise sanitaire, M. Slimani a rappelé le besoin de répondre à certains obstacles que rencontrent les TPE et PME dans l’accès aux marchés publics, notamment la question des délais de paiement, jugés par lui comme étant « souvent trop longs ».
Pour sa part, M. Abdelmejid Faiz, Vice-président de la Commission Fiscalité et Douane à la CGEM, a tenu à exprimer la satisfaction de l’organisation patronale de l’essentiel des nouveautés de la loi de finances 2022. La mise en place de nouveaux régimes fiscaux dans la loi de finances 2022, dont plusieurs ont été proposées par la CGEM, selon M. Faiz, a permis de rassurer le secteur privé sur la volonté du gouvernement d’insuffler l’économie. “Nous avons beaucoup d’espoir pour que les mesures en faveur de la relance économique, de manière générale, et en faveur de l’encouragement de la création de richesse, de l’investissement, et du développement des TPME, soient une des priorités du gouvernement sur les cinq années à venir”, a-t-il souligné.
Intervenant au nom du Institute for Small Business and Entrepreneurship, le professeur à l’université de Cardiff, M. Andrew Henley est revenu sur l’expérience du Royaume-Uni en matière de soutien aux TPE et PME durant la pandémie. Ainsi, les principales réponses apportées par le gouvernement britannique, selon M. Henley, ont permis de mitiger les impacts des restrictions sanitaires grâce à un soutien direct aux entreprises, et une prise en charge des salaires des employés en arrêt d’activité.
Henley a tenu également à énumérer les difficultés rencontrées par les TPE britanniques dans l’adaptation au contexte post-Brexit, notamment à cause de la hausse des coûts des transactions internationales avec l’Union Européenne, qui sont désormais soumises à de nouvelles conditions administratives et douanières. L’universitaire a toutefois rappelé que le Brexit permet de nouvelles opportunités de commerces entre TPE et PME britanniques avec leurs partenaires hors-UE, à l’instar du Maroc. Représentant un opérateur imposant du secteur aéronautique,
Stephen Orr, Vice-président de Spirit Aerosystems Maroc, a expliqué l’importance cruciale des TPE/PME dans l’écosystème aéronautique, qui représentent environ 80% de l’ensemble du Chiffre d’affaires réalisé dans ce secteur. Réagissant aux analyses de M. Henley sur les capacités des TPE/PME britanniques à opérer dans le contexte postBrexit,
Orr, Président de la Chambre Britannique de Commerce pour le Maroc, a souligné le « grand potentiel » de développement des relations commerciales entre les TPE/PME marocaines et britanniques. Il a ainsi rappelé l’inauguration imminente d’une liaison maritime entre Tanger et le sud d’Angleterre, qui ouvre la voie vers plus d’opportunités à exploiter pour lier les deux marchés, et plus de mesures d’encouragement du commerce bilatéral.